25.03.2015 - Un réseau de pipelines pour Anticosti

Québec souhaite évaluer les besoins financiers en infrastructures et songe à l’exportation

Le gouvernement Couillard veut savoir quelles infrastructures seront nécessaires pour exploiter le pétrole de l’île d’Anticosti. Il vient d’ailleurs de lancer un appel d’offres pour une étude à ce sujet, a appris Le Devoir. Québec y évoque clairement l’idée de construire un réseau de pipelines sur la plus grande île de la province, mais aussi d’exporter « outre-mer » ce pétrole de schiste.

 

L’entreprise qui obtiendra le contrat devra « estimer et décrire » les besoins d’investissements en infrastructures de transport nécessaires sur Anticosti, une île dix-sept fois plus grande que celle de Montréal. « L’objectif fondamental du projet est de proposer des solutions durables et respectueuses de l’environnement en matière d’infrastructures de transport des hydrocarbures sur l’île d’Anticosti et vers les marchés de consommation », précise le document de l’appel d’offres lancé au début du mois de mars. L’étude devra être terminée d’ici un peu plus de trois mois, soit au plus tard le 30 juin, pour un montant estimé à 125 000 $.

 

Le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) souhaite ainsi obtenir une description de ce qui serait nécessaire pour « collecter, entreposer, épurer, traiter et transporter » le pétrole jusqu’à un éventuel « terminal d’exportation ». Cette étude, qui doit servir à évaluer la « rentabilité économique » d’une hypothétique exploitation d’énergies fossiles, exclut cependant les « infrastructures routières nécessaires à l’exploitation des puits de forage ».

 

Le gouvernement évoque clairement l’idée de construire un réseau de pipelines sur l’île. Il demande ainsi à l’entreprise retenue d’« identifier les emplacements possibles des infrastructures de transport et connexes ainsi qu’un ou des tracés privilégiés pour les réseaux de transport par canalisation considérant les caractéristiques (physiques, humaines, économiques, topographique, etc.) propres à l’île ».

 

Selon un autre document précisant des éléments de l’appel d’offres, le MERN s’engage à fournir à l’entreprise les courbes bathymétriques autour d’Anticosti. Ces informations sont essentielles pour connaître la profondeur des eaux du Saint-Laurent ceinturant l’île, et donc, pour déterminer où pourrait être construit un éventuel port pétrolier. Ce secteur est reconnu historiquement comme un haut lieu de naufrages et la navigation y est particulièrement complexe.

 

Exporter le pétrole

 

Pour la première fois depuis que le potentiel pétrolier de l’île est évoqué publiquement, on parle ouvertement d’exporter cette énergie fossile hors Québec. Le MERN fournira d’ailleurs au soumissionnaire retenu pour l’étude « une analyse préliminaire portant sur les marchés domestiques et extérieurs présentant un potentiel d’exportation » du pétrole. Et l’étude qui sera produite au cours des prochains mois devra inclure une « analyse » des solutions pour le transport, dont celui « vers les marchés de consommation outre-mer ».

 

Les partisans de l’exploitation du pétrole d’Anticosti ont pourtant toujours mis en avant l’argument voulant que cette ressource permettrait de remplacer les importations québécoises. Le slogan de Pétrolia, qui réalise les travaux d’exploration menés sur l’île et financés par Québec, est d’ailleurs assez clair : « Le pétrole d’ici, par des gens d’ici, pour ici. » Mais il faut dire que les raffineries québécoises ont une capacité de traitement d’environ 400 000 barils par jour. Or, avec les projets d’inversion du pipeline 9B d’Enbridge et la construction d’Énergie Est, plus de 1,4 million de barils couleront bientôt vers le Québec chaque jour.

 

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