03.04.2018 - Une Syrienne chrétienne révèle ce qui se passe réellement en Syrie

« H » est née à Damas, et a immigré légalement aux Etats-Unis depuis la Syrie il y a plus de 20 ans, bien avant que la guerre actuelle ne commence. Elle est devenue citoyenne étatsunienne et a obtenu un doctorat d’une université étasunienne. Elle parle couramment l’anglais et l’arabe. Elle est récemment revenue d’un voyage en Syrie, où elle a de nombreux membres de la famille et des amis qui la tiennent au courant de la situation là-bas. Elle est aussi l’une des chrétiennes les plus aimables et les plus dévouées que j’ai jamais rencontrée. Je garde le nom de H. confidentiel, car je ne souhaite pas que cette interview compromette la sécurité de sa famille en Syrie ni le statut de son travail professionnel aux États-Unis.

J’avais initialement prévu que notre discussion se fasse en deux parties. Je lui aurais d’abord donné un bref aperçu de l’histoire de la politique étasunienne. Quand nous nous sommes assis, j’ai dit à H. que j’étais journaliste depuis 1985. J’ai commencé à expliquer que les Etats-Unis sont dirigés par une oligarchie qui se dissimule derrière une façade de démocratie bipartite, que les candidats présidentiels sont depuis longtemps présélectionnés, que les Etasuniens ont été à plusieurs reprises trompés dans des guerres, et que notre presse est contrôlée par le même establishment qui contrôle les politiciens. H. souriait, et j’ai pu rapidement conclure que rien de ce que je disais ne lui était étranger. Il se confirmait ainsi que la célèbre commentatrice, la « Syrian Girl » dont les comptes Facebook et YouTube ont été censurés – disait vrai : les Syriens sont bien informés sur le Nouvel Ordre Mondial. En effet, les Syriens en savent plus sur les réalités de la géopolitique étasunienne que la plupart des Etasuniens. Alors, après environ quatre minutes, j’ai ri et j’ai dit à H. que ma « conférence » était terminée. Et je lui ai demandé de me dire la vérité sur la Syrie. Mes questions sont en caractères normaux, ses réponses en caractères gras. Pour cet article, j’ai inséré quelques images et vidéos qui correspondent à ses commentaires.

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JP: Tout d’abord, parlez-moi de Bachar al-Assad. Les médias étasuniens et de nombreux politiciens ici le décrivent comme un dictateur diabolique qui opprime le peuple syrien et qui doit être renversé dans l’un de nos «changements de régime» sans fin. Comment les Syriens eux-mêmes se sentent-ils à propos d’Assad? Je voudrais en particulier que vous nous disiez comment les chrétiens syriens le considèrent.

H: Ils l’aiment. Les chrétiens l’adorent. Il respecte toutes les religions. Beaucoup d’Etasuniens ont cette idée erronée que la Syrie est un état musulman. Ce n’est pas le cas. La Syrie est un état laïc où les chrétiens sont minoritaires.

Chaque mois, Bachar rend visite aux religieuses du monastère de Mère Thecla, qui avaient été enlevées par l’Etat islamique (EI/ISIS), et il a également rendu visite au monastère de Seidnaya.

Vous savez, Bachar n’était pas censé devenir président. Son frère était en train d’être préparé pour ce poste. Bashar était formé pour devenir ophtalmologue. Mais à la mort de son frère, son père lui a demandé de se préparer à prendre la relève.

Bachar a apporté à la Syrie une grande prospérité. Il y a des années, après que les États-Unis nous aient imposé des sanctions, nous avons été forcés de produire nos propres biens. C’était difficile, mais nous sommes devenus autosuffisants et nous avons commencé à exporter de nombreux produits. Vous savez, la Syrie n’avait pas de dette avant la guerre. Nous trouvons donc amusant que la presse étasunienne nous appelle un «pays du tiers-monde», compte tenu de la dette des États-Unis.

Quant à Assad, il est aimé par les Syriens. Il avait l’habitude de sortir sans protection à la rencontre des gens, sans gardes du corps. Vous savez, il est alaouite [les alaouites sont une branche de l’islam chiite], et la plupart des musulmans syriens sont sunnites, mais ils l’aiment quand même. Bien sûr, certains d’entre eux préféreraient avoir un président sunnite, et il y a des gens qui s’opposent à lui. Mais il n’y a pas un seul président qui soit aimé de tout son peuple. Regardez Obama, ou Trump, personne n’a une approbation à 100 pour cent. Mais la majorité des Syriens apprécient Bachar. Je connais personnellement des gens qui sont allés à l’école avec lui, et ils se portent tous garants de son caractère.

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