24.03.2015 - Poutine déclassifie le dossier de la Crimée

Par M K Bhadrakumar – Le 19 mars 2015

Les remarques franches émises par le président russe Vladimir Poutine pendant près d’une heure à la télévision vendredi, coïncidant avec le premier anniversaire du retour de la Crimée au sein de la Russie, sont les premiers récits complets du Kremlin sur les événements dramatiques qui ont suivi le changement de régime à Kiev en février de l’an dernier.

Poutine a divulgué quelques détails opérationnels, qui deviennent des pépites historiques. D’abord, Poutine a révélé que les «services russes de surveillance électronique» détenaient des informations spécifiques selon lesquelles les nationalistes extrémistes [néo-nazis, NdT] qui ont usurpé le pouvoir le 21 février 2014 avaient planifié l’élimination physique de l’ancien président Victor Ianoukovitch. Il n’a pas mentionné la CIA en tant que telle, mais il est évident que les Américains faisaient partie du tableau. Poutine a décrit comment «une escadrille d’hélicoptères russes avec une équipe de Spetsnaz» [sorte de GIGN, NdT] a finalement sauvé Ianoukovitch et l’a emmené en Crimée, où il a décidé de de se mettre à l’abri (avant de se rendre en Russie quelques jours plus tard).

L’idée que Poutine se fait des auteurs du coup d’État du 21 février, basée à l’évidence sur des éléments apportés par les services de renseignement, est directe et claire: «Le truc à comprendre dans le contexte – alors que l’opposition était formellement soutenue prioritairement par les Européens – était que nous savions parfaitement, nous ne l’avons pas seulement compris, mais nous le savions, que nos partenaires et amis américains étaient les véritables marionnettistes. Ce sont eux qui ont aidé à former les nationalistes, qui ont aidé à entraîner les détachements d’activistes, par un entraînement en Ukraine de l’ouest aussi bien qu’en Pologne et, en partie, en Lituanie. Qu’ont fait nos partenaires? Ils ont aidé et encouragé un coup d’état. On peut dire qu’ils ont employé la force. Je ne pense pas que ce soit la bonne manière de se conduire sur la scène internationale en général et envers les nations de l’ère post-soviétique en particulier. Après tout, ces nations ne sont pas encore totalement constituées, elles sont fragiles et leur pays, leur constitution, leur système juridique devraient être traités avec égards. Tout cela a été ignoré et piétiné. Les conséquences ont été graves, comme vous pouvez le voir. Certains étaient d’accord, mais d’autres ne veulent pas accepter cela. Ainsi, le pays a fini par se diviser. » [Traduction non officielle : le Kremlin n’a pas encore publié le texte officiel.]

Le long récit de Poutine à la télévision – il a duré 55 minutes – a porté sur les développements qui ont conduit à ce que la Crimée redevienne une partie de la Russie. Poutine a révélé que dans la nuit fatidique du 22 au 23 février de l’an dernier, pendant que le coup d’État parrainé par les États-Unis se déroulait à Kiev, il était en réunion avec les principaux chefs des services de renseignements et de l’armée russes, et après une nuit entière consacrée à l’analyse des événements, lorsqu’ils ont levé la séance à 7h, Poutine a donné des instructions et détaillé les «tâches spécifiques» pour «commencer à travailler à ce que la Crimée redevienne une partie de la Russie», mais avec la réserve qu’en premier lieu, la population de la Crimée ait «l’occasion de se déterminer elle-même». Bien sûr, une des premières tâches assignées par Poutine était qu’un «sondage d’opinion discret» soit organisé pour connaître l’avis de la population en Crimée. Les services de renseignement russes ont estimé que les trois quarts des gens en Crimée opteraient pour le rattachement à la Russie. Voici comment Poutine a décrit le cordon ombilical qui a lié la Crimée à la Russie pendant des siècles :

 

Lire la suite sur Le Saker francophone, traduction depuis Bhadrakumar

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