18.02.2018 - L'arrivée de poupées sexuelles au Québec ou comment déshumaniser le rapport amoureux

Alors qu’elles font un véritable tabac en Asie et en Europe, les controversées poupées sexuelles, la plupart du temps conçues sur mesure et troublantes de réalisme, commencent à faire leur apparition au Québec.

Certaines de ces « poupées » appelées « real dolls » sont personnalisables de la tête aux pieds, parlent, interagissent, ont de vrais cheveux, des ongles interchangeables, des corps d’actrices pornos et sont munies de « cyberskin », un matériau à base de silicone créé pour ressembler à de la peau humaine comme deux gouttes d’eau. Une nouvelle tendance qui inquiète sérieusement certains sexologues.

Hommes célibataires

Le phénomène prend de l’ampleur en Europe. Une première « maison close » de poupées sexuelles a d’ailleurs récemment ouvert ses portes à Paris. Du côté de la Chine, certaines entreprises ajoutent l’intelligence artificielle à l’expérience – permettant à la poupée de reconnaître et d’interagir avec son utilisateur. Chez nous, l’engouement se fait ressentir, selon des propriétaires de boutiques érotiques interrogés par Le Journal.

« Depuis quelques mois, l’engouement s’accentue [à Québec]. C’est surtout pour un marché d’hommes célibataires, qui n’est pas nécessairement intéressé à faire des rencontres », explique Jean-Luc Audet, propriétaire des boutiques Planet X, le premier à avoir importé de Chine une de ces poupées à Québec.

Coûteuses

Il faut toutefois payer cher pour en faire l’acquisition, alors que la plupart se détaillent entre 3000 $ et 20 000 $.

« Nous avons assez de demandes pour en avoir commandé une ! » lance-t-il, alors que la poupée se vend près de 3000 $. « Elle est moins chère parce qu’il y a plusieurs options qu’elle n’a pas. Elle ne parle pas et a de faux cheveux », indique M. Audet, qui admet qu’il s’agit d’un investissement important.

Pour le moment, M. Audet admet que ce sont les « modèles réduits » qui sont très populaires chez nous.

« Ce sont en fait des moitiés de corps, par exemple juste le haut ou le bas, et ça, on en vend au moins trois à cinq par semaine », indique-t-il, précisant que ces jouets sexuels valent près de 700 $.

Ce type de produit est aussi bien connu à la boutique Folies du cœur, qui en commande régulièrement. Le commerce suggère d’ailleurs un modèle de plus en plus prisé par sa clientèle.

« Nous avons aussi en stock depuis peu une poupée qui ressemble à une “real doll”, puisqu’il y a quand même un engouement », mentionne la gérante, Mélissa Gravel. Celle-ci se détaille à 2000 $, ne peut pas bouger, mais a de vrais cheveux.

Des objets qui inquiètent des sexologues

L’arrivée chez nous de ces poupées sexuelles inquiète sérieusement certains sexologues, qui estiment qu’elles contribuent à « déshumaniser le rapport amoureux ».

C’est du moins l’avis de la sexologue Sylvie Lavallée, qui considère cette alternative comme un « refuge abrutissant ». « Ca isole les gens, puisque ce n’est pas une personne humaine, elle ne chiale pas, elle n’a pas d’exigences, elle n’est pas irritable, n’a pas de SPM, de parents, d’enfants, pas de meilleure amie fatigante, pas d’ex, pas de squelette dans le placard », illustre-t-elle. « Un homme qui se sent très timide, qui vit de l’anxiété sociale, qui est vierge tardivement, qui exerce un métier dans un milieu d’hommes, c’est le candidat parfait pour avoir ça », affirme-t-elle, précisant que la ligne est mince entre éthique et plaisir.

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