03.02.2018 - L’humanité au bord de la guerre mondiale

Le magazine The Economist, l’influent hebdomadaire londonien décrit par Karl Marx il y a plus de 150 ans comme « l’organe européen » de « l’aristocratie des finances », a consacré son dernier numéro à « The Next War » (la prochaine guerre) et « The Growing Threat of Great Power Conflit » (la menace grandissante de conflit entre grandes puissances). Son éditorial principal démarre sur un avertissement effrayant :

« Au cours des 25 dernières années, la guerre a coûté trop de vies. Pourtant, alors même que les luttes civiles et religieuses ont fait rage en Syrie, en Afrique centrale, en Afghanistan et en Irak, un affrontement dévastateur entre les grandes puissances mondiales est resté presque inimaginable. »

« Ce n’est plus le cas […] de changements puissants et à long terme de la géopolitique et la prolifération des nouvelles technologies érodent la domination militaire extraordinaire dont jouissent l’Amérique et ses alliés. Un conflit d’une ampleur et d’une intensité jamais vues depuis la Seconde Guerre mondiale est encore une fois plausible. Le monde n’est pas préparé. »

The Economist envisage un futur dystopique, violent, avec le déploiement de l’armée américaine pour intimider ou détruire les prétendus défis à sa domination partout.

Au cours des 20 prochaines années, The Economist prédit que « le changement climatique, la croissance démographique et les conflits sectaires ou ethniques » sont susceptibles de faire plonger une grande partie du monde dans des « guerres intra-étatiques ou civiles ». De tels confits se dérouleront de plus en plus dans les villes entourées de « taudis » peuplées de millions d’habitants, donnant lieu à de « combats rapprochés, quartier par quartier ». L’avenir réservé à de grandes parties de l’humanité est celui du carnage qui a été observé lors des batailles meurtrières de l’an dernier contre la ville irakienne de Mossoul et la ville syrienne d’Alep.

Mais plus effrayant encore, c’est la série de scénarios qu’il décrit comme une escalade majeure des tensions entre les Etats-Unis et la Russie et la Chine, présentés comme ses adversaires stratégiques, qui menacent à tout moment de provoquer un holocauste nucléaire.

En juillet 2016, Mehring Books a publié A Quarter Century of War(Un quart de siècle deguerre)de David North,qui notait :

« Depuis le premier conflit du golfe Persique de 1990-1991, les États-Unis sont en guerre sans interruption depuis un quart de siècle. Tout en utilisant des slogans de propagande comme la défense des droits de l’Homme et la guerre contre le terrorisme pour dissimuler les véritables objectifs de leurs interventions au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique, ainsi que leur confrontation avec la Russie et la Chine, les Etats-Unis se sont engagés dans une lutte pour l’hégémonie mondiale. Alors que les États-Unis tentent de compenser leur faiblesse économique et contrer les tensions sociales internes, leur escalade incessante des opérations militaires menace de déboucher sur une guerre mondiale à grande échelle, entre États dotés d’armes nucléaires. »

Moins de deux ans plus tard, une grande partie de cette évaluation a été reprise par l’un des organes politiques les plus importants du capitalisme anglo-américain. Mais les conclusions tirées par The Economist, s’exprimant en tant que représentant sans faille des oligarques financiers et du grand patronat dont la richesse est liée à la domination mondiale impérialiste américaine, sont exactement le contraire de l’objectif déclaré par David North, celui d’aider à la construction d’un « nouveau mouvement anti-guerre ».

Au contraire, The Economist exhorte les Etats-Unis à développer le hard power (la puissance dure) pour se défendre contre des « rivaux déterminés et capables », présentant l’argument digne d’un sociopathe selon lequel la meilleure garantie de paix est la capacité de l’Amérique à détruire complètement ses adversaires.

La prémisse de l’article spécial est que des mesures urgentes doivent être prises par les États-Unis pour endiguer le déclin de son hégémonie. Elle affirme que si les classes dirigeantes chinoise et russe sont autorisées à réaliser leur ambition d’influence dominante dans leurs propres régions, alors la conséquence « plausible » sera un « affrontement dévastateur entre les grandes puissances du monde » – une guerre mondiale avec des armes nucléaires.

La Chine et la Russie, déclare le magazine dans son éditorial du 27 janvier, « sont maintenant des États révisionnistes qui veulent remettre en cause le statu quo et considèrent leurs régions comme des sphères d’influence à dominer. Pour la Chine, cela signifie l’Asie de l’Est ; pour la Russie, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale. »

La conclusion avancée par The Economist est que l’Amérique doit mettre fin à « 20 ans de dérive stratégique » sous les gouvernements successifs, qui auraient « fait le jeu de la Russie et de la Chine ». Dans une série d’articles, son rapport spécial préconise que les États-Unis dépensent des sommes vertigineuses sur les nouvelles armes nucléaires et conventionnelles, y compris les technologies d’intelligence artificielle (AI) robotique, pour s’assurer qu’ils conservent la supériorité militaire qui, jusqu’à présent, a inspiré « la peur chez leurs ennemis ».

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