Cette semaine, lors du débat sur le « Bonjour-Hi » à l’Assemblée Nationale, le Premier ministre a prétendu que le recul du français - et l’avancée de l’anglais - comme langue de travail au Québec et particulièrement à Montréal s’expliquait par la « globalisation de l’économie ». L’anglicisation des milieux de travail serait une fatalité à laquelle il serait vain de prétendre s’opposer. En fait, l’anglicisation de la langue de travail serait un gage de prospérité et de développement économique. S’y opposerait-on que l’on tenterait de faire obstacle au progrès économique.
Il s’agit là essentiellement des mêmes arguments qu’agitaient déjà le Conseil du patronat du Québec (CPQ) lors du débat sur la loi 101 originale. Dès 1977, le CPQ affirmait que la francisation de la langue de travail allait empêcher le Québec de tirer « le meilleur profit possible de intégration à l’économie internationale » et que la loi 101 allait constituer « un obstacle majeur à la participation des Québécois francophones à la vie scientifique et économique internationale ». Il n’en fût et il n’en est rien.
Prenons tout de même un moment pour examiner si cet argument de la mondialisation tient mieux la route aujourd’hui. Cela tombe bien car nous disposons maintenant, contrairement à il y a quarante ans, de données probantes pour comprendre la dynamique de la langue du travail au Québec. L’Office Québécois de la langue française (OQLF) a publié le 23 novembre dernier une très intéressante étude de suivi de la situation linguistique portant sur la langue de travail au Québec en 2016. Le portrait que dresse cette étude est formel. L’utilisation de l’anglais au travail est déterminée principalement par trois variables: la langue parlée à la maison, la langue des études et le fait de travailler ou non sur l’île de Montréal. Le type de poste occupé (gestionnaire ou non), de même que la taille et l’emplacement du siège social de l’entreprise sont des déterminants secondaires qui ont moins d’influence que les trois premières variables.
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