28.11.2014 - CPE : Conversion des places non subventionnées : Le gouvernement libéral ne se préoccupe pas de la qualité

Le Regroupement des CPE de l’île de Montréal (RCPEÎM) dénonce vivement les choix politiques et le manque de vision du gouvernement libéral en matière de services de garde éducatifs à l’enfance. Les récentes manœuvres libérales, qui empêcheront la création de nouvelles places en centres de la petite enfance (CPE) et perpétueront l’utilisation de fonds publics pour l’enrichissement de corporations à but lucratif, laissent présager le pire en terme de qualité des services éducatifs qui seront désormais offerts aux tout-petits de Montréal.

Un processus bafoué

Sous couvert d’austérité, la ministre de la Famille, Mme Francine Charbonneau, a annoncé un changement majeur dans la tarification des services de garde éducatifs, mais aussi sa volonté de favoriser le développement de places en garderies privées à but lucratif. Dans son communiqué paru le 20 novembre dernier, la ministre de la Famille mentionne que « le Programme de financement des infrastructures des CPE serait aussi revu afin d’exiger une mise de fonds de 50 % ou d’amener le CPE à opter pour la location plutôt que pour la propriété de l’installation. Des projets pourront aussi se réaliser par des partenariats avec des garderies non subventionnées. »

Cette annonce fait suite à deux années de récupérations de surplus significatives de la part du ministère de la Famille. Les CPE sont désormais à sec et le gouvernement libéral exigera une contribution financière démesurée. « Avec cette nouvelle exigence, applicable à tous les CPE dont le projet de développement a déjà été accepté, seulement 6 projets de CPE sur 52 pourront aller de l’avant à Montréal, ce qui représente la création de 205 nouvelles places en CPE pour l’ensemble de Montréal. Cette décision du gouvernement affectera directement l’offre de services de garde éducatifs de qualité aux enfants et aux familles montréalaises » indique Suzanne Pion, directrice générale du RCPEÎM.

Encore plus préoccupant, la ministre de la Famille propose aux CPE d’opter pour de la location ou pour des partenariats avec des garderies privés non subventionnées. Les barèmes de financement en matière de frais reliés aux locaux n’ont pas augmentés depuis plus de 9 ans. Les CPE présentement locataires, particulièrement en zone urbaine, commencent à ressentir l’impact financier de ce sous- financement qui dure maintenant depuis des années. Plutôt que d’investir dans des immobilisations qui seront gérées par des organismes à but non lucratif et qui prendront de la valeur au fil des ans, le ministère de la Famille prévoit donc opter pour la dépense de fonds publics au bénéfice de propriétaires immobiliers montréalais qui hébergeront ces nouveaux CPE et pourront impunément spéculer à la hausse.

Les places subventionnées qui ne pourront être développées par le réseau des CPE seront remises au Ministère, qui verra ensuite à les réattribuer. En prenant une telle décision, le gouvernement libéral balaie du revers de la main tout le processus qui a conduit à l’attribution de ces places, sans égards pour les engagements pris par les précédents gouvernements. Il change les règles du jeu et met en péril tous les investissements publics déjà consentis.

Développer en garderies privées non subventionnées

La ministre de la Famille semble croire que les parents du Québec cherchent uniquement une place à 7.30$/jour. En convertissant des places non subventionnées en places subventionnées, la Ministre croit pouvoir régler la question des listes d’attente et garantir aux propriétaires de garderies à butlucratif la rentabilité économique. Les familles du Québec ne sont pas à la recherche d’une place de parking pour leur voiture, mais bien à la recherche d’un endroit sécuritaire qui offrira un service éducatif de qualité à leurs tout-petits.

Récemment, le gouvernement du Québec publiait un Portrait des garderies non subventionnées du Québec1. Dans ce portrait, on y apprend que 46% des garderies non subventionnées (GNS) sont situées à Montréal. Dans ces entreprises, la majorité ont connu un roulement de personnel de l’ordre de 50% au cours de l’année. Une minorité de GNS accueille des stagiaires en Techniques d’éducation à l’enfance ou offre du perfectionnement professionnel aux éducatrices en poste. Peu de GNS accueillent des enfants à besoins particuliers et encore moins les enfants handicapés. La majorité des GNS préfère offrir des services de jour, à des enfants de plus de 18 mois, afin d’assurer leur rentabilité. Plusieurs GNS demandent des frais supplémentaires au tarif quotidien. Finalement, si la majorité des propriétaires de GNS aimerait obtenir de places subventionnées afin de garantir leur clientèle, seulement 15% d’entre eux aimerait être subventionné pour améliorer la qualité et 7% pour assurer une plus grande accessibilité aux familles.

En 2013-2014, le ministère de la Famille a traité plus de 1 919 plaintes concernant les garderies à but lucratif, plaintes qui visaient 443 garderies différentes. Il s’agit de près de cinq fois plus de plaintes que celles traitées pour les CPE, alors que le nombre de places dans chacun des réseaux est équivalent. Les plaintes reçues concernaient principalement le personnel éducateur (303 plaintes), le respect des ratios (253 plaintes), le gestionnaire du service (200 plaintes), l’alimentation (179 plaintes), l’hygiène (179 plaintes) et le programme d’activités (127 plaintes).

« Les chercheurs font consensus sur l’influence qu’exerce la qualité du service éducatif fréquenté sur le développement de l’enfant et sur le fait que les enfants de milieux défavorisés peuvent particulièrement bénéficier de services de qualité. »2 Il a été démontré à travers différentes études que la qualité est supérieure dans les CPE que dans les garderies à but lucratif. De plus, la qualité offerte en CPE ne varie pas en fonction du milieu socio-économique dans lequel il est implanté, contrairement à la situation qui prévaut dans les garderies à but lucratif3.

Les CPE offrent un modèle de services de garde éducatifs à but non lucratif dont la mission première est de répondre aux besoins de chaque enfant, peu importe son niveau de développement. Qu’à cela ne tienne, le gouvernement libéral projette de développer les nouvelles places subventionnées dans le réseau des garderies privées non subventionnées pour économiser les coûts en immobilisation. Encore un mauvais choix pour la société québécoise, porté par une vision à court terme, dont les grands perdants seront incontestablement les enfants.

Le RCPEÎM travaille à promouvoir et soutenir la qualité, l’universalité et l’accessibilité des services de garde éducatifs, sans but lucratif et administrés par les parents. Nos actions visent à soutenir le développement harmonieux des jeunes enfants et à répondre aux besoins des familles montréalaises.

Source : Communiqué du Regroupement des centres de la petite enfance de l’île de Montréal 

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir