26.11.2014 - «Toute société qui n’est pas éclairée par des philosophes est trompée par des charlatans»

Il y a eu une époque, pas si lointaine, durant laquelle s’est mis en place un idéal d’une société qui serait composée de personnes éduquées – ou pour mieux dire: éclairées, pour employer le langage de cette période justement appelée Les Lumières (le XVIIIe siècle).

Par philosophie, on entendait alors tout le savoir, et cela comprenait donc ce que nous appelons aujourd’hui les sciences sociales et les sciences naturelles. La phrase qui donne son titre à cette chronique, et qui doit se comprendre en ce sens, a été écrite par un des grands penseurs du Siècle des Lumières, Condorcet (1743-1794). Elle emprunte aujourd’hui au Canada, comme on va le voir, une désolante actualité.

Un idéal de démocratie délibérative éclairée

Pour les citoyens éduqués d’une véritable démocratie, accéder à une solide et crédible information scientifique est une chose essentielle. C’est qu’aujourd’hui, plus que jamais, d’innombrables questions de politiques publiques ne peuvent absolument pas être débattues sans l’accès à cette information, et aucune décision éclairée ne peut donc être prise sans l’indispensable apport de la science.

On ne peut bien entendu pas demander à tout le monde d’avoir une formation scientifique de pointe, et même les scientifiques, qui ont une telle formation, ne l’ont que dans le domaine dans lequel ils et elles travaillent. Comment, dans ces conditions, parvenir à cet idéal de personnes éduquées prenant des décisions éclairées dès lors que pour prendre ces décisions, comme c’est souvent le cas,  il faut posséder de nombreuses connaissances scientifiques?

Les penseurs du Siècle des Lumières avaient une réponse à cette question.

Pour commencer, disaient-ils, il faut s’assurer que tout le monde possède une éducation (Condorcet préférait dire «instruction») scientifique de base qui permet de comprendre ce dont il s’agit quand on débat d’une question qui met en jeu des savoirs scientifiques. Il faut s’assurer que chacun sait ce qu’est la science, comment elle se fait et comment elle produit du savoir – ou pas. C’est là une lourde mais indispensable tâche qui revient à un système public d’éducation digne de ce nom.

Mais il faudra aussi que les scientifiques puissent dire à ce public éclairé ce qu’il doit savoir sur telle ou telle question pour en débattre. La science, à elle seule, ne peut bien entendu décréter les politiques publiques: mais son éclairage est indispensable pour les décider en toute lucidité.

Et c’est là, au Canada, que le bât blesse. Et fait terriblement mal…

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