19.11.2014 - «Les dates de péremption sont-elles périmées ?»: Quatre raisons de ne pas s’y fier aveuglément

France 5 diffuse ce mardi soir un documentaire édifiant sur la façon dont les dates limites censées protéger le consommateur sont devenues un «accélérateur de consommation»…

Le yaourt qui traîne au fond de votre frigo est périmé depuis 10 jours. Option A: Vous poussez un cri de dégoût et enfilez gants et masque pour l’expédier à la poubelle, soulagé d’avoir échappé à la mort (au moins). Option B: Vous le savourez avec délectation, conscient, à raison, que la date de péremption ne correspond pas à celle réelle. Si le dramatique gaspillage alimentaire qui résulte de ce décalage a été plusieurs fois l'objet d'enquêtes, aucun documentaire ne s'était encore intéressé à la façon dont ces dates sont fixées. France 5 a enquêté auprès d’experts, industriels et distributeurs. Avec Vladimir Donn, le producteur du documentaire, quatre raisons d'y penser à deux fois avant de snober votre yaourt. 

La DLC n’est pas la DLUO

Le lexique, d’abord. DLC: Date limite de consommation. DLUO: Date limite d’utilisation optimale. Il ne faut pas confondre les deux dates de péremptionprésentes en France. La première indique ce qu’il «consommer avant fin…», la seconde «à consommer de préférence avant le…». On peut aisément dépasser la DLUO sans risques pour sa santé, rappelle le documentaire. Si une boîte de conserve n’est ni bombée ni rouillée, elle peut être consommée dans les dix ans! D’où l’existence parfaitement légale de déstockeurs alimentaires où l’on peut se «régaler» d’un chili con carne de 2009.

Six chiffres fixés arbitrairement  

La date de péremption, fixée par une loi? Pas du tout. «On les suit aveuglément précisément parce qu’elles nous semblent frappées au sceau de la légalité», souligne Vladimir Donn. Or aucune loi ni réglementation européenne (à part pour le lait cru et les œufs): les fameux six chiffres sont fixés par les fabricants et industriels. En 1968, quand Casino propose pour la première fois la date limite de vente dans un souci d’ «image fraicheur», il ne faut que quelques mois pour que les autres enseignes lui emboîtent le pas. Cinquante ans plus tard, la loi n’impose rien... sauf de mettre une date.

Une DLC choisie pour l’amour du goût  

Comment sont-elles alors fixées? Le documentaire nous emmène dans l’«échantillothèque» de Fleury Michon où une responsable qualité détermine la DLC de nouveaux produits. On la voit ainsi goûter des aiguillettes de poulet sept jours après la DLC, reconnaître qu’elles sont parfaitement comestibles, mais rétorquer que si la DLC n’est pas repoussée, c’est que «notre charte est d’apporter du plaisir au consommateur». «On fait jouer les qualités gustatives alors qu’on ne devrait en tenir compte que pour la DLUO», note Vladimir Donn. Une confusion évidente pour le consommateur.

«Un accélérateur de consommation»

Pourquoi créer de la confusion? Au-delà de l'angoisse du scandale sanitaire (le documentaire revient sur la Listéria tueuse dans les rillettes) qui effraie les fabricants, et les pousse à raccourcir la date de péremption au nom du principe de précaution, il y a la nécessité de mieux gérer les stocks. Une fabricante de produits laitiers en Bourgogne reconnaît volontiers qu’elle aurait du mal à s’en sortir si le consommateur n’était pas incité à revenir souvent se réapprovisionner. Inventée pour protéger le consommateur, la DLC ainsi devenue «un accélérateur de consommation» aux effets pervers, dont le pire est le gaspillage alimentaire. «Les gens sont largués, et assez sciemment les industriels et les distributeurs ne font pas grand-chose pour éclaircir les choses», souligne Vladimir Donn. Ce documentaire est un début, et face aux rayons, mieux vaut venir informé. Des conseils par ici.

Source : 20minutes.fr

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