15.05.2017 - Les lunettes provincialistes de QS

Lorsqu'on prend la peine de lire le programme de Québec solidaire, on a l'impression de vivre sur une autre planète. Ce sentiment d'étrangeté ne vient pas seulement du caractère utopique de certaines propositions sur la socialisation des moyens de production, mais vient surtout du fait que tout est pensé comme si le Canada n'existait pas comme décideur politique. On se représente la politique québécoise comme s'il n'y avait pas de gouvernement canadien et comme si les décisions prises par le Canada n'avaient aucune importance pour le Québec. Le Canada est logé à l'enseigne de l'insignifiance politique. On a tellement intériorisé la séparation juridique des pouvoirs imposée par la constitution canadienne qu'on fait comme si ce qui se passe à Ottawa n'est pas pertinent pour le Québec.

Dans les 70 pages du programme, le lecteur attentif ne trouvera que quelques références au Canada : on évoque le Canada pour parler du refus de reconnaître la société disctincte, pour dire que le Québec souverain conservera des liens avec le Canada, pour parler du français au Canada et enfin de façon incidente pour situer l'augmentation de la productivité du travail. A l'exception du chapitre sur la question nationale, Québec solidaire ne critique jamais les politiques du gouvernement canadien dans les chapitres consacrés à l'économie, à l'environnement, aux politiques sociales, au transport etc. On explique par exemple les intentions de QS en matière de logement social mais on fait comme si le Canada n'était pas un décideur en ce domaine. On attaque la mondialisation, le capitalisme et le libre-échange sans dire un mot de la politique canadienne. Cette occultation est encore plus curieuse en matière d'environnement, de lutte aux changements climatiques, d'assurance-emploi, etc comme si tout cela relevait du pouvoir provincial. Le discours de Québec solidaire entretient les illusions de l'autonomisme en se concentrant sur les enjeux de justice sociale qui relèvent essentiellement des compétences provinciales. Cette posture est sans doute utile pour critiquer les autres partis provinciaux mais elle est inefficace pour faire la pédagogie de l'indépendance parce qu'elle ne s'attaque pas au système canadien dans son ensemble.

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