29.04.2017 - Jacques Frenette (1948-2017) : le cerbère de l'Oratoire

Monsieur Jacques Frenette a émis son dernier souffle le 2 avril dernier à Montréal. On ne reverra plus sur cette terre ce sympathique résident permanent des cafés de Côte-des-Neiges, son cher quartier de Montréal qu'il arpentait depuis une bonne trentaine d'années. Combien d'heures n'avons-nous pas discuté à refaire le monde et l'Église au milieu des volutes créées par la fumée de ses cigarettes, à la belle époque de la liberté où on pouvait fumer dans les cafés et où les conversations n'étaient pas interrompues par les stupides téléphones portables. M. Frenette pouvait discourir durant des heures jusqu'à très tard dans la nuit pourvu qu'il fût alimenté de café et de tabac, c'est d'ailleurs tout ce qu'il consommait dans ses journées, à part un muffin «du jour», en surplus, quand on lui en offrait un.

Il était généreux de sa parole et de son temps. C'est pourquoi on l'a surnommé « le philosophe de l'Oratoire » ou « le président de la république libre de Côte-des-Neiges ». Il était un improbable mélange de Diogène, Voltaire et Benoît-Joseph Labre. Un de ses quartiers généraux fit la cafétéria de l'Oratoire Saint-Joseph, d'où il fustigeait éloquemment la pleutrerie et le pharisaïsme des Pères de Sainte-Croix et de l'Église hiérarchique, qui avaient démissionné à bien des égards face à la modernité triomphante.

Après avoir connu une période de désaffection religieuse dans la vingtaine et la trentaine comme de nombreux boomers, M. Frenette était revenu à la foi de son enfance avec ardeur dans les années 1980, particulièrement à la suite de la visite du pape Jean-Paul II au Canada en 1984 et à son discours aux prêtres du Québec à l'Oratoire Saint-Joseph, qui aurait dû être selon M. Frenette une boussole en vue de relancer l'évangélisation au Canada français. M. Frenette ne rêvait pas d'un retour illusoire à la société canadienne-française catholique des années 1950, qu'il avait connue et d'ailleurs rejetée avec son esprit hypercritique, mais il considérait que l'Église du Québec avait abandonné même l'essentiel comme la réalité du péché dans le monde, la nécessité de la confession, particulièrement sous forme individuelle et auriculaire, la transcendance divine, la défense de la vie humaine.

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