13.04.2017 - Peter Ford : Trump a donné mille raisons à Daech de lancer des attaques chimiques

Interview de Peter Ford, ancien ambassadeur britannique en Syrie

Transcription :

Journaliste : C’était la première déclaration du Président Trump immédiatement après ce lancement de missiles. L’ancien ambassadeur britannique en Syrie Peter Ford est maintenant avec moi. Bonjour à vous !

Peter Ford : Bonjour.

Journaliste : Puis-je d’abord seulement attirer votre attention. Voici le début de ce discours du Président Trump : « Mes chers concitoyens. Mardi, le dictateur syrien Bachar al-Assad a lancé une horrible attaque chimique contre des civils innocents. » C’est un fait (n’est-ce pas) ?

Peter Ford : C’est une déclaration... une fausse déclaration sur un fait non avéré. Nous ne savons pas. Ce qui est nécessaire, c’est une enquête, car il y a deux possibilités pour ce qui s’est passé. L’une est la version américaine, qu’Assad a lancé des armes chimiques sur cette ville. L’autre version est qu’une bombe ordinaire a été lâchée et qu’elle a frappé un dépôt de munitions où les djihadistes entreposaient des armes chimiques. Nous ne savons pas laquelle de ces deux possibilités est la bonne.

Souvenez-vous des événements qui ont précédé (la guerre en) Irak : les experts, les services de renseignement, les politiciens étaient convaincus que Saddam avait des armes de destruction massive. Ils ont présenté des tombereaux de preuves : des photographies, des diagrammes, etc. Tout était faux. Tout était faux. Il est possible qu’ils se trompent (encore) cette fois-ci également, mais ils ne recherchent qu’un prétexte pour attaquer la Syrie.

Et ne nous racontons pas d’histoires. Ce qui s’est passé rend l’usage des armes chimiques plus probable, et non pas moins.

Journaliste : Eh bien, l’impression que vous évoquez se rapproche surtout, parmi la réaction internationale aux attaques chimiques, de la position de la Russie. Vous vous accordez largement avec eux. Nous avons entendu Michael Fallon, le Secrétaire d’Etat à la Défense [britannique], qu’il est convaincu par les preuves et soutient les frappes. Pourquoi êtes-vous donc, en quelque sorte, une voix assez isolée ?

Peter Ford : Je ne laisse pas mon cerveau à la porte lorsque j’examine une situation de manière analytique. J’essaie d’être objectif et me base sur les expériences précédentes, notamment l’Irak. Nous voyons que nous ne pouvons pas prendre pour argent comptant ce que les soi-disant "experts du renseignement" nous disent, [surtout] pas lorsqu’ils ont un agenda.

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