31.10.2014 - Burkina Faso : Les dernières heures du régime de Compaoré

Gouvernement dissout. Etat de siège decrété. Parlement brûlé. Le président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans, est acculé par le mouvement de contestation. L'Onu envoie un émissaire. Mais l'opposition réclame toujours le départ de Compaoré.

Le quotidien Le Pays de ce matin titrait de manière prémonitoire : ”Le jour de tous les dangers”. Le journal burkinabè a bien vu. Sur son site, Le Pays raconte : ”Les manifestations de ce matin ont vite pris une autre tournure. En effet, l’Assemblée nationale a été prise d’assaut, saccagée et brûlée. L’examen du projet de loi annulé. Le Gouvernement informe l’ensemble des populations de l’annulation de l’examen du projet de loi portant révision de la Constitution. Il appelle les populations au calme et à la retenue.” 

Son concurrent L’Observateur Paalga, l'autre grand quotidien privé du pays rêvait aussi ce matin, à la une. Sous la plume inspiré de l'éditorialiste Hyacinthe Sanou, le journal écrit :

”Et si on rêvait un peu ? Et si on rêvait : - qu’avec la clameur publique qui s’est emparée de la rue le mardi 28 octobre 2014 ; - qu’avec cette statue de Blaise Compaoré déboulonnée à Bobo-Dioulasso (mauvais présage ?) ; - qu’avec la guérilla urbaine qui est en train de s’installer petit à petit ; - qu’avec … dans un ultime sursaut d’orgueil et d’éthique politique, la centaine de députés tripatouilleurs en mission commandée décident finalement en leur âme et conscience et dans le secret du vote de faire pièce aux velléités monarchiques du président Blaise Compaoré ? Et si on rêvait que par extraordinaire, ce dernier himself, inspiré in extrémis par le Saint Esprit de la bonne gouvernance démocratique, fait machine arrière, lui qui semble foncer depuis longtemps droit dans le mur, pour reprendre ses propres termes ?

Oui ce ne sont que des rêves mais c’est peut-être le seul espoir qu’il nous restait hier encore à caresser en attendant ce D-Day du jeudi 30 octobre 2014.”

Blaise Compaoré, 63 ans, arrive au pouvoir par un coup d’Etat sanglant, au cours duquel Thomas Sankara est tué, en 1987. Il effectue ensuite deux septennats, 1992-1998 et 1998-2005, et doit terminer fin 2015 son deuxième quinquennat. L’article 37 de la Constitution du Burkina Faso, rédigée en l'an 2000, limite le nombre de mandats présidentiels à deux quinquennats. Une demi-douzaine de chefs d’Etat en Afrique sont dans le même cas que lui et espèrent modifier la Constitution de leur pays pour rester au pouvoir.

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