31.10.2014 - La négligence criminelle des premiers ministres canadiens depuis douze ans débouche sur du sang et des larmes

On a tendance à l’oublier, mais le Canada est en guerre depuis bientôt douze ans. Si Jean Chrétien, en fin connaisseur de l’âme québécoise, a vu le risque qu’aurait fait courir à l’unité canadienne un engagement du Canada en Irak aux côtés des États-Unis en 2002, il n’est pas parvenu à éviter de s’engager en Afghanistan l’année suivante dans un rôle qui devait d’abord en être un d’appoint, mais qui est devenu de plus en plus offensif au fil des années, d’abord sous Paul Martin, puis sous Stephen Harper.

Les circonstances de la vie m’ont amené à recevoir chez moi au moment des Fêtes l’an dernier un jeune militaire canadien d’une trentaine d’années, un démineur, qui venait tout juste de quitter l’armée après avoir combattu en Afghanistan. Sa relation des événements qu’il avait vécus ne laissait aucun doute sur le rôle offensif des troupes canadiennes dans ce pays.

Et au cours des dernières semaines, le gouvernement Harper a pris la décision de se joindre à la coalition dirigée par les États-Unis contre les djihadistes de l’État Islamique qui sont en train de prendre le contrôle de l’Irak. Du coup, le Canada s’est retrouvé menacé de représailles.

La semaine dernière, les Canadiens ont pris conscience avec horreur, à l’occasion d’attentats qui ont fait deux morts et plusieurs blessés, d’abord dans le stationnement d’un petit centre commercial de province, puis au coeur même de la plus haute institution politique du pays, que faire la guerre avait un prix, et qu’ils allaient le payer de leur sang et de leurs larmes.

Jamais personne ne les avait prévenus. À peine se sentaient-ils concernés. Cette guerre-là ne se déroule-t-elle pas à des milliers de kilomètres de chez eux dans des contrées barbares en retard de plusieurs siècles sur l’histoire ? La voilà qui fait tout à coup irruption au coin de la rue, au Parlement, et qui touche des voisins, des amis, des connaissances. La réalité très abstraite prend soudain un tour très concret.

On peut débattre sans fin de l’opportunité pour le Canada de s’être lancé dans ses projets guerriers, mais là n’est pas mon propos. D’autres l’ont fait avant moi, et ma contribution n’ajouterait rien à ce qui a déjà été dit.

Il y a cependant un aspect qui n’a pas été touché, c’est la responsabilité des trois premiers ministres qui nous ont précipité dans ce conflit contre les extrémistes religieux du monde musulman sans nous demander notre avis, ni le leur d’ailleurs, et l’incurie dont ils ont fait preuve en ne veillant pas à ce que soient mises en place les mesures de prévention, de protection et d’atténuation nécessaires pour tenir le plus possible les Canadiens et le pays à l’abri des conséquences possibles de leur action militaire.

Tout dirigeant qui prend une décision a en effet l’obligation d’en évaluer les conséquences de façon à pouvoir identifier les risques et prendre les mesures qui s’imposent pour les neutraliser, ou à tout le moins les minimiser.

Cette notion qui relève pourtant du sens commun le plus élémentaire était si mal comprise par les gestionnaires du public et du privé que, dans les années 1960, aux États-Unis, Charles Kepner et Benjamin Tregoe, deux spécialistes de la Rand Corporation, une entreprise sans but lucratif dont la mission est de développer des solutions qui répondent aux défis posés par la mise en oeuvre des politiques publiques, formalisent les processus de la résolution de problèmes, de la prise de décision et de l’analyse de risque, pour le bénéfice de leurs commanditaires et de leurs clients du secteur de la défense, où ils revêtent l’importance la plus cruciale.

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