30.10.2014 - La « Rivière qui marche »

Hier, une collaboratrice occasionnelle du site me racontait qu’elle avait participé à la Manifestation qui s’est tenue dimanche à Sorel, et qui réunissait des milliers de personnes sensibilisées à la cause de la protection de notre fleuve Saint-Laurent. Protection contre la prise de possession par les « pétroleuses »* et contre son envahissement par tout ce qui en menace la pureté et la beauté.

Il y avait là, entre autres vaillantEs citoyenNEs, des artistes, des politiciens, des scientifiques… Il y avait des Dominic Champagne, Martine Ouellet, Laure Waridel.** Toutes et tous des « porteurEs d’eau » et non de pétrole. Quel plaisir d’entendre aussi un Jean Lemire, biologiste-explorateur, fort de sa connaissance du sujet, déclarer : « Notre fleuve, c’est ce qu’on a de plus précieux. (…) « Le Saint-Laurent est probablement un des tronçons fluviaux les plus difficiles à naviguer au monde. Je le sais, car je passe ma vie sur le fleuve. C’est un écosystème extrêmement fragile ».

Cette « rivière – ou ce chemin – qui marche », comme les Amérindiens nommaient ce fleuve, « rivière » aux secrets de laquelle ils ont initié nos ancêtres, on dirait que nous l’avons pris pour acquise avec le temps, sans suffisamment de conscience, d’amour et d’égards et que c’est devant cette menace de dépossession et de viol que nous la découvrons pour de vrai.

Celle qui me parlait de cette manif soreloise m’exprimait sa satisfaction d’y avoir vu plus de « têtes d’autres couleurs » que la sienne. Pas encore grises ni blanches…

Cela suppose, souhaitons-le, que ce sont les jeunes qui vont se mobiliser davantage pour ce fleuve qui est comme l’âme de notre territoire; de notre nation. Or, leur dit Jean Lemire: « c’est certainement un des combats les plus importants qu’on peut mener. »

Un article du Journal Ensemble*** révélait hier que TransCanada négocie actuellement avec les Autochtones pour l’acquisition de certains de leurs territoires patrimoniaux ce qui, comme à Cacouna, lui permettrait de donner suite à son « sale » projet… Diviser pour régner…

«Quand c’est le temps de protéger un territoire, de protéger l’environnement, de protéger la vie aquatique, la vie, la faune, etc., de protéger l’héritage de nos enfants, il n’y a pas d’argent.» a assuré Konrad H. Sioui, grand Chef du conseil de bande Huron-Wendat mais pour Anne Archambault, Grand Chef de la Première Nation Malécite de Viger, « c’est «l’extrême pauvreté» des communautés qui force les conseils de bande à tenter d’obtenir le plus possible de compensations pour des projets qui, selon elle, vont se réaliser de toute façon. »…

Quelle tristesse! Des « projets qui vont se réaliser de toute façon »… En sommes-nous là de notre dépendance ? les bras baissés?

Quelle solidarité devons-nous inventer, établir, avec les nations autochtones de notre territoire qui ont aimé ce fleuve avant nous pour le sauver du désastre ? Est-il possible d’y arriver ? Ou si le Canada et ses pétrolières de l’Ouest réussiront à tous nous acheter, avec la complicité de ce gouvernement libéral québécois ?

Les jeunes, eux, n’ont encore rien à perdre, sinon la beauté et la liberté de ce pays s’ils ne se mobilisent pas. La grande « rivière qui marche » est à eux. Un fleuve à défendre de toutes leurs ardeurs.

Pour s’encourager à le faire, on peut lire, dans la section Grands textes, l’ Ode au Saint-Laurent et, dans le premier commentaire sous cette Ode, un grand complément : Petit poème sur un grand fleuve, un hommage à Pierre Perreault, cet amoureux du Saint-Laurent, publié il y a quelques années par Dominic Desroches, sur le site vigile.net, et qui débute en citant le cinéaste-poète: « Ils avaient un pays qu’ils savaient nommer ».

Nicole Hébert

Source : independantes.org

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