Pris en étau entre les provocations laïcistes et la menace islamiste, le bon et pieux catholique connaît une épiphanie : il se révèle.
De quel bois je me chauffe !
Cette expression française, préalable à l’engagement belliqueux, trouve une certaine pertinence pour aborder le sujet de l’identité. De quel carburant je me chauffe, m’échauffe et me réchauffe ? Quelles sont mes ressources énergétiques ? Le sujet est explosif : l’émergence d’une menace identitaire catholique. Un sociologue parle même de national-catholicisme. Aussi, si le débat est intéressant et gourmand, peut-être ne faut-il pas consommer trop de temps dans nos luttes picrocholines qui créeront de la rancœur ou de la division, profondément anachroniques à la lumière d’une autre urgence. Peut-être davantage missionnaire.
Contre la pleurnicherie
Pris en étau entre les provocations laïcistes et la menace islamiste, le bon et pieux catholique se cabre. À dessein, parfois et souvent, il panique. À la lecture des indicateurs ecclésiaux et des projections démographiques, il comprend qu’un monde ancien s’éteint. À la hauteur de cette déréliction, la colère monte. Alors, il pétitionne, il dénonce, il manifeste, il menace, il se rétracte… C’est ici que prospère une tentation identitaire. Celle-ci repose surtout sur une forme d’instrumentalisation marketing de la peur à des fins politiques et religieuses. L’exploitation de la souffrance est un vieux levier de la levée de fond, dont prospèrent toutes les officines humanitaires, à bâbord comme à tribord.
La question est cependant plus dangereuse. Comme une sortie de route. Des catholiques s’égarent ou plutôt, ils se révèlent. Ils seraient démunis et aujourd’hui perdus d’adorer leur patrie idéalisée, divinité aujourd’hui menacée. Alors, ils gémissent. Cette attitude est celle induite par un processus orchestré de victimisation, qui ne semble ni vertueux ni chrétien. Déjà, Charles Péguy, dans son Dialogue de l’âme charnelle, évoque la figure du Christ et la confrontation avec le monde moderne : « Le monde moderne venait, était prêt. Il y coupa court. Oh, d’une manière très simple. En faisant le christianisme. En intercalant le monde chrétien. Il n’incrimina pas, il n’accusa personne. Il sauva. Il n’incrimina pas le monde, il sauva le monde. Eux, ils vitupèrent, ils ratiocinent, ils incriminent. Injurieux médecins qui s’en prennent au malade ». Péguy n’est pas moderne, il est atemporel.
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