jeudi, 13 decembre 2018 15:25

Edmond de Nevers - L'Avenir du peuple canadien-français

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Edmond de Nevers (né Edmond Boisvert en 1862 à Baie-du-Febvre dans le comté de Yamaska et mort à 44 ans à Central Falls dans le Rhode Island en 1906) est un économiste, essayiste, écrivain et un avocat québécois.

Extrait 1

Après le traité de paix, les indiens continuèrent pendant quelques années encore à dévaster les établissement britanniques, et ce ne fut qu'aux instances des Français qu'ils se résignèrent à la paix. « Les premières mesures efficaces en vue de la pacification générale, dit Bancroft1, furent prises par les français dans l'Illinois. M. de Neyon, qui commandait au fort de Chartres, envoya des colliers et des calumets de paix dans toutes les parties du continent, exhortant les nombreuses nations indiennes à enterrer la hache de guerre et à donner la main aux Anglais, car jamais plus ils ne reverraient parmi eux un représentant du roi de France. Et alors le chef Pontiac fit dire au général Gladwin « qu'il acceptait la paix que son frère le Français lui envoyait ».

« Les officiers français, ajoute Bancroft, traversant pour la dernière fois le Canada et la vallée du Mississipi et recevant de tout côtés des témoignages d'attachement passionné de la part des nombreuses tribus de Peaux-Rouges, jetèrent un regard de regret sur le vaste empire qu'ils abandonnaient.

Je me rappelle avoir lu quelque part que, si nous étions restés les maîtres dans les immenses territoires qui constituaient autrefois la Nouvelle-France, les sauvages n'en auraient pas disparu.

Peut-être, en effet, eussent-ils trouvé, dans la sympathie que nous leur témoignons, un encouragement à vivre, même au milieu du flot montant d'une civilisation qu'ils parvenaient difficilement à comprendre. Conquis à la foi du Christ, groupés en villages par nos missionnaires, il auraient vécu en paix avec « leur père le Français » et, qui sait ? plus tard, se seraient élevés peut-être à une conception plus parfaite que la nôtre des devoirs de la fraternité humaine. Qui dira ce que peuvent faire naître dans les coeurs ces deux facteurs puissants de civilisation : la charité chrétienne et la sympathie de l'esprit français ? Devant l'Anglais, ils n'ont su que reculer, s'enfoncer toujours de plus en plus au fond des forêts et disparaître...

Source : L'Avenir du peuple canadien-français (1896), Boéral compact classique (2006), Montréal, p. 24-25

 

Extrait 2

Au moment où nos vainqueurs célébraient le centenaires de la conquête, le Canada grâce surtout à un traité de réciprocité commerciale, conclu avec le gouvernement de Washington, jouissait d'une prospérité sans exemple dans notre histoire. Il l'emportait même sur les États-Unis.

De 1850 à 1860, la population du Canada s'est accrue de 40, 86 pour 100, pendant que celle des États- Unis n'a obtenu qu'une augmentation de de 35,58 pour 100. En 1860, la terre arable était évaluée au Canada à 20, 87 dollars et aux États-Unis à 16, 32. Le rendement des fermes, le progrès du défrichement, la valeur du bétail et des instruments aratoires servant à l'exploitation de ces fermes ont été également plus considérables, pendant cette période décennale, chez nous que chez nos voisin. À l'époque où nous avons obtenu de l'Angleterre notre constitution définitive, nous étions le peuple le plus prospère du monde.

Source : L'Avenir du peuple canadien-français (1896), Boéral compact classique (2006), Montréal, p. 47

 

Extrait 3

Depuis 1867, notre armée de politiciens provinciaux ressemble par bien des points à un corps de troupes devenu inutile, dans tous les cas beaucoup trop nombreux, mais que l'on ne peut licencier. [...]

Si l'on pouvait ressuciter l'âme de jeunesse de nombre de politiciens intrigants autant que peu scrupuleux et y lire, on trouverait sans doute plus d'une pensée désintéressée donnée à la patrie, plus d'un projet bienfaisant, plus d'un rêve de gloire et de prospérité pour notre Canada. Le désir d'être utile reste latent au fond de bien des coeurs, et s'il est improductif, c'est qu'on l'a identifié avec l'envie d'affaiblir ou de renverser le parti ennemi.

Source : L'Avenir du peuple canadien-français (1896), Boréal compact classique (2006), Montréal, p. 62 et 69.

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