lundi, 18 aout 2014 19:37

Harper fait son cirque en Israël

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Traduction par Tino

La première chose à remarquer à propos du voyage de Stephen Harper en Israël, c’est la composition de son entourage : qui fut de la partie, et qui n’en fut pas. Et, accessoirement, qui paiera ?

Ce sera vous. L’essentiel des frais sera assumé par le contribuable canadien. Julius Suraski fait partie des 208 invités à cette modeste réunion. Il est membre de la Ligue de défense juive (LDJ), et promeut activement des personnalités d’extrême-droite comme Pamela Geller, ainsi que d’autres islamophobes. La LDJ est impliquée dans plusieurs activités terroristes, dont le meurtre de l’activiste américain d’origine palestinienne, et de confession chrétienne Alex Odeh. Les militants de la LDJ impliqués dans l’assassinat se sont réfugiés en Israël.

Les parlementaires conservateurs furent légion, avec six membres du Cabinet, deux ou trois sénateurs, ainsi qu’un certain nombre de députés. Harper n’a emmené aucun membre de l’opposition. Des hommes d’affaires, aussi bien juifs que gentils, et des avocats étaient à bord, en compagnie d’un groupe de 21 rabbins. Il aurait été surprenant de constater la présence d’un rabbin qui ne fût pas un partisan acharné d’Israël. Diverses organisations juives, autres que la LDJ, étaient également du voyage.

Le clergé chrétien était représenté par un prêtre catholique, Raymond J. de Souza, rédacteur au National Post, rejoint lui-même par un certain nombre de protestants évangéliques. Il semble que la délégation ne comptait aucun membre du clergé anglican, orthodoxe ou de l’Église unie. Et bien entendu, aucun imam.

La tranche palestinienne de la population d’Israël est plus ou moins équivalente au pourcentage de population canadienne-française du Canada. Imaginons juste un instant un Canada sous contrôle d’un gouvernement qui serait virulemment antifrançais. Un pays étranger organise une visite diplomatique d’envergure au Canada afin d’exprimer son soutien pour ce gouvernement. Cette délégation ne comporterait aucun francophone, et encore moins de sympathisant de la cause française. Y figureraient bien, par contre, les membres d’un certain clergé, notamment issus de la frange protestante viscéralement anticatholique de Ian Paisley, et ce en l’absence de représentants catholiques. Sans oublier la présence, active, d’idéologues intarissables lorsqu’il s’agit de pointer les méfaits du peuple de souche française et de tout ce qui est français. Maintenant, remplacez le mot français par arabe : vous sortez alors du domaine de l’imaginaire.

Les colonies constituent une des clés de la problématique dans ce conflit israélo-palestinien. Le site internet du gouvernement canadien affirme : « Les colonies représentent également un obstacle sérieux pour une paix totale, juste et durable ». Interrogé à ce sujet, Harper a répliqué : « Personne ne réussira à me pousser à critiquer l’Etat d’Israël au cours de mon séjour au Moyen-Orient ». Le Canada reste malgré tout opposé aux colonies. Envers et contre tout.

Lors de son discours à la Knesset, Harper a repris en écho la ligne de conduite officielle actuelle du sionisme : l’opposition à Israël est le nouvel antisémitisme. Il a fait référence à « des organisations intellectualisées établies sur certains campus ». Étudions d’abord ce second aspect. Il s’agit là d’une allusion évidente aux Semaines contre l’apartheid israélien. Il ne se préoccupe guère de définir le contexte des présentations organisées dans le cadre de ces semaines, se contentant de diffamer sans risquer de se voir donner la réplique. Quant au « nouvel antisémitisme », ce baratin autour du sionisme facilite en réalité le véritable antisémitisme. Il confère aux vrais antisémites une certaine respectabilité en les associant à d’autres personnalités présumées antisémites, de l’évêque Desmond Tutu à Nelson Mandela, en passant par Jimmy Carter.

Le « nouvel antisémitisme » est un slogan dont les sionistes se servent pour intimider quiconque choisit de critiquer Israël. Oui, ils affirment qu’Israël peut être critiquée en toute légitimité à l’instar de n’importe quel pays, mais essayez donc, et vous verrez l’opprobre qui s’abattra sur vous.

« Le Canada trouve aberrant », a déclaré Harper à la Knesset, « que certaines voix, parmi la communauté internationale, s’élèvent pour remettre en question le droit à l’existence légitime d’Israël ». L’Union soviétique disposait-elle d’un droit à l’existence ? La Tchécoslovaquie ? La Yougoslavie ? Qu’est-ce qu’Israël a de si spécial ? La camaraderie interculturelle promue en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie était certainement plus digne de susciter l’admiration que cet Israël juif devenu oppresseur et agressif qui a fait de sa minorité palestinienne un souffre-douleur. L’histoire a souvent vu les Juifs victimes de grandes tragédies. Est-ce à leur tour, à présent, de se muer en bourreaux ?

Bien sûr, Harper avait prévu un petit quelque chose pour l’Autorité palestinienne : 66 millions de dollars qui viennent s’ajouter aux 30 annoncés l’année dernière, fonds destinés à être disponibles sur une période de trois à cinq ans. Cette contribution remplace l’ancienne qui s’élevait à 300 millions de dollars versés sur cinq ans.

L’objectif de cette délégation ? Outre la question de la foi qui se pose pour des évangélistes tels que Harper ainsi qu’un certain nombre de ses invites, c’est une opportunité politique de choix dans certaines circonscriptions électorales peuplées principalement de Juifs. Les Arabes et les musulmans du Canada ne sont pas très bien organisés sur le plan politique.

Source : thecanadiancharger.com

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