Réjean DeGaule

Mon travail m'amène aux quatre coins de Montréal et même en dehors de Montréal et ma clientèle est diversifiée. Certains clients ne savaient pas qu'il y avait une élection. L'indifférence s'observait sur la majorité de leur visage. Les Anglais et les immigrants, en me questionnant sur la vigueur de l'idée d'indépendance, étaient rassurés. Leur seule préoccupation : l'indépendance se casse-t-elle la gueule ? Les seuls clients sensibles aux résultats de l'élection et qui, aux moindres commentaires qui leur apparaissaient déplacés, réagissaient en bon complexés, incapables de prendre la critique même la plus légère, la plus famélique, ressemblaient à des hipsters et s'exprimaient comme tels, avec un mépris considérable pour le nouveau Premier ministre. Ces derniers devaient, je le suppose, avoir voté pour Québec solidaire ou le Parti vert. Avec ces derniers, la discussion s'avérait souvent impossible.