samedi, 29 octobre 2016 10:29

Europe et Afrique : Des parallèles qui bousculent bien des idées reçues…

Evaluez cet article
(0 vote)

Le monde a profondément changé en 15 ans. Nous avons quitté la situation d’hégémonie des Etats-Unis héritée de la chute du bloc de l’Est. Le monde « unipolaire », dominé sans partage par la superpuissance américaine et ses valets s’effondre pour laisser place à une monde multipolaire. La réémergence de « nouveaux » acteurs sur la scène internationale (Russie, Chine, Iran) rebat les cartes.

Deux aires civilisationnelles sont dépossédées de leur souveraineté, à des degrés certes différents : l’Europe et l’Afrique. Si les Etats européens conservent encore une indépendance de façade et les moyens d’assurer le maintien relatif d’un Etat de droit, l’Europe risque d’être la prochaine victime de la politique de chaos nécessaire au capitalisme pour se renforcer. La radicalisation de l’hégémonie néo-libérale implique un gouvernement par la crise. Faire voler en éclat le cadre national protecteur des Etats est la première étape d’une nouvelle stratégie de la tension et du choc qui aura pour conséquence de créer une instabilité permanente propice à livrer notre continent à la voracité de l’oligarchie mondialiste.

L’Afrique fut le laboratoire de cette politique. Depuis la décolonisation, tout fut mis en œuvre pour empêcher l’émergence d’une véritable souveraineté dans les pays du continent noir. De Patrice Lumumba (mort en 1961) à Thomas Sankara (mort en 1987), on a assassiné les héros d’une alternative proprement africaine pour les remplacer par des laquais des impérialistes. Les multinationales ont pillé les richesses de l’Afrique et sa culture traditionnelle millénaire disparaît sous le bulldozer de la mondialisation libérale.

Dans les griffes du néo-libéralisme

Certain trouverons que le rapprochement entre les deux situations est exagéré. Comparaison n’est pas raison, mais savent–ils que les chaînes des dettes qui emprisonnent les pays de l’Europe du sud, en particulier la Grèce (1), furent d’abord mises aux pieds des pays du Tiers-Monde ?

Le FMI et l’OMC ont asservi les pays africains sans merci. Ils y ont parfait leurs méthodes. Ceux qui observent effarés le début des achats de terres dans les campagnes françaises par la Chine et bientôt par d’autres grandes puissances économiques, devraient regarder la situation en Afrique… La destruction de l’agriculture paysanne africaine au profit de cultures d’exportation (les produits européens ou chinois vendus sur le plus grand marché d’Afrique noire, le marché Sandaga de Dakar, sont moins chers que les produits locaux), a bouleversé la structure identitaire des pays africains comme l’agriculture industrielle a détruit notre paysannerie.

La vague migratoire africaine vers l’Europe est directement liée à cette logique. Partis des campagnes pour rejoindre des mégalopoles, les migrants africains ne peuvent que se déverser vers l’Europe. Rien ne vient empêcher cela. L’immigration déstabilise aussi bien les pays de départ que les pays d’arrivée, ne produisant que chaos et frustration. La promotion effrénée du modèle sous-culturel mondialisé (consommation, Hi-Tech, musique, réseaux dits « sociaux », etc…) n’est pas étrangère au phénomène de déracinement en Europe comme en Afrique.

Europe-Afrique : même combat !

Confrontées aux mêmes attaques, l’Europe et l’Afrique ont des intérêts communs. Si elles veulent redevenir indépendantes et souveraines, elles doivent mener la même lutte unifiée et révolutionnaire de libération à l’échelle de leur continent respectif.

Européens et africains doivent se débarrasser du fardeau que la bonne pensée mondialiste leur impose. Il faut sortir de la culpabilisation et de la victimisation. Les bourreaux d’aujourd’hui sont l’oligarchie mondialiste.

Le ressentiment post-colonial des africains ou des européens vis-à-vis de l’immigration de masse , ne doit pas empêcher de voir la convergence des intérêts. Il n’y a pas de contentieux entre les classes populaires des deux côtés. Les paysans français à peine sortie du servage de l’Ancien Régime n’ont aucunement profité de l’esclavage au contraire des marchands de Bordeaux. Les ouvriers des mines du Nord de la France n’ont rien à voir avec le colonialisme. Les troupes que l’on envoyait tirer sur les grévistes ou écraser les royaumes africains étaient, elles, bien mandatées par la République (2).

Les travailleurs immigrés n’ont pas débarqué par magie dans nos usines, et le regroupement familial ne doit rien aux savoirs des marabouts. Au contraire, c’est le patronat qui a produit cet appel d’air. Il se poursuit aujourd’hui car il sert les intérêts des classes dominantes comme la domination impérialiste sur les pays africains.

Trouver sa propre voie

Nous allons nous faire certainement traiter de « tiers-mondistes » ou de naïfs, mais nous ne voyons pas comme une finalité le choc de civilisations que l’on cherche à nous vendre. Nous faisons le pari de l’intelligence et de la convergence d’intérêts. Il est évident que la course vers la barbarie que nous connaissons à l’échelle mondiale et la faiblesse des forces qui tentent de l’arrêter aussi bien en Europe qu’en Afrique laissent peu de place à l’optimisme. Mais nous voulons semer dans les esprits des graines qui pourront germer le moment venu.

Une différence doit être faite entre la solidarité avec les peuples en lutte contre la domination mondialiste et la dérive que l’on retrouve dans les « extrêmes » et que nous nommons « la maladie des luttes de substitution ». Incapables de peser politiquement dans leur pays d’origine, certains individus fantasment sur des révolutions exotiques. Cette démission devant la tâche exigeante de mener le combat sérieusement dans leur patrie, amène ces personnes à décharger leur frustration sur le terrain virtuel du Nicaragua à la Palestine, de l’Ukraine nationaliste au Donbass… Quel que soit le camp choisi, ils se révèlent incapables d’apporter un soutien concret à la cause qu’ils sont censés défendre et s’invectivent maintenant sur le net. Si nous voulons soutenir la cause des peuples, nous devons combattre en Europe pour être les maîtres de nos destins et pouvoir soutenir les autres peuples.

Les peuples africains et européens doivent combattre un même système sur leur continent respectif. Une politique d’amitié dont la raison et le sentiment font qu’elle doit être une base de notre actions extérieure. Ils gagneront à connaître et à partager leurs expériences réciproques dans le respect. En se débarrassant des illusions idéologiques dépassées, ils démasqueront leurs faux alliés (biens pensants, idiots utiles de la mondialisation, révolutionnaires de salon…) et trouveront la voie vers la libération nationale et sociale de leur continent.

Notes :

1/ Par ailleurs, il faut insister sur le rôle de l’Allemagne, qui a écrasé la Grèce et qui a accueilli 1 million de « réfugiés », dont bon nombre passent…par la Grèce.

2/ La « droite », jadis hostile à la colonisation (« J’ai perdu deux sœurs [l’Alsace et la Lorraine, NDLR], et vous m’offrez vingt domestiques » ; Paul Déroulède à Jules Ferry, 1881), a ouvert la voie à la colonisation à rebours de la maison France pour des raisons économiques (main d’œuvre docile). Quant à la « gauche », qui avait historiquement vanté les mérites de la colonisation(« Les races supérieures ont un droit sur les races inférieures » ; Jules Ferry, 28 juillet 1885), elle a changé de fusil d’épaule et s’est mise – repentance quand tu nous tiens ! – à encenser tout ce qui venait d’ailleurs (enrichissement culturel, etc.). La responsabilité des uns comme des autres dans la déliquescence du pays est sans appel.

Source : rebellion-sre.fr

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir