mardi, 07 juin 2016 12:50

De Céline à Chesterton : le capitalisme, c'est le vol

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Note Le Bonnet Des Patriotes :
Quand le «Nouvel Observateur» (le gauchisme dans toute sa splendeur) produit un article sur Céline et Chesterton, cela méritait le coup d'œil. Si l'article est un peu court en soi et ne va pas assez au fond des choses, il a au moins le mérite d'être honnête.
 
Si Céline a secrètement inspiré la loi sur les 35 heures, l'auteur de "Father Brown" fustigeait les excès du libéralisme avec humour C'est plus que jamais d'actualité.

Les écrivains qui se mêlent de politique ou d'économie ne sont certes pas plus lucides que les idéologues professionnels, les politiciens blanchis sous le harnais ou les universitaires patentés, mais ils ne disent pas pour autant davantage de sottises. Simplement, ils s'expriment en général beaucoup mieux, et donc avec une conviction susceptible d'entraîner l'adhésion. 

Pour preuve Céline et cet extrait des «Beaux Draps» (ce pamphlet de 1941, encombré encore de forts relents d'antisémitisme et qui fut interdit par Vichy) qui semble avoir frappé Lionel Jospin et Martine Aubry, quelques décennies plus tard :

S'il m'est permis de risquer un mot d'expérience, sur le tas, et puis comme médecin, des années, un peu partout sous les latitudes, il me semble à tout bien peser que 35 heures c'est maximum par bonhomme et par semaine au tarabustage des usines, sans tourner complètement bourrique.»

Un peu plus loin dans «les Beaux Draps», Céline développe son idée d'une société idéale. Le modèle soviétique, «la grande prétention au bonheur», il en a mesuré les ravages à Leningrad durant l'été 1936. La vie en usine chez Ford aussi, quelques années plus tôt. Du coup, de manière à la fois bouffonne et réfléchie (ce n'est pas incompatible !), il assène:

Plus de tergiversations ! Plus d'équivoques ! Le communisme Labiche ou la mort ! Voilà comme je cause ! Et pas dans vingt ans mais tout de suite ! [...] Solidarité impossible sans l'égalité devant les ronds, d'abord. On s'occupera de l'esprit ensuite, et de la famille, et de la patrie, et du racisme si vous voulez, et de tout le bazar et son train...»

Eloge du "distributisme"

Un bien long détour pour en arriver à Chesterton ? Sans doute, mais un détour qui vaut rapprochement. Le «communisme Labiche» de Céline, le pavillon en meulières pour chacun et «l'égalité devant les ronds», c'est cela même, à sa manière, dont rêve l'écrivain anglais, en 1926, quand il se lance à sa façon dans un «Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste». Le totalitarisme stalinien comme les concentrations industrielles propres aux sociétés libérales, les grands magasins qui supplantent les petits commerces et les paysans chassés de leurs terres au profit des grosses propriétés, lui font également horreur.

Contre Bernard Shaw et les Fabians, ces intellectuels socialistes britanniques proches des travaillistes, Chesterton bataille pour ce qu'il appelle le «distributisme». Autrement dit, des propriétés à peu près d'égale importance pour chaque fermier et l'appel à la mobilisation des consommateurs qui se regrouperaient pour défendre les petits commerces de proximité contre ce qu'on n'appelait pas encore à l'époque les super ou hypermarchés.

Bien entendu, l'histoire a balayé les espoirs angéliques de Chesterton (ce mot angélique l'aurait ravi, lui qui affirmait croire dur comme fer aux chérubins et autres séraphins) et a rendu vains ses combats. Il n'empêche que les cibles qu'il désignait - la déshumanisation liée aux grands monopoles pour ne rien dire des égarements du communisme - sont toujours devant nous.

On s'enchante encore aujourd'hui à le voir déployer ses arguments, à jouer de tous les paradoxes et à pourfendre ses adversaires avec une férocité jubilatoire et une foi dont on se moque bien de savoir si elle était bonne ou mauvaise. Son livre conserve une présence, une force, une urgence même, qui sont celles de toutes les oeuvres quand elles relèvent d'abord de la meilleure littérature. Comment ne pas aimer Chesterton, ce catholique anglais qui semble si heureux jusque dans ses colères, quand il dénonce les catastrophes induites par l'économie libérale, et qui n'avait que sa plume pour convaincre et son esprit pour mettre les rieurs de son côté ?

Source : bibliobs.nouvelobs.com

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