mercredi, 10 fevrier 2016 11:50

Irak - Naissance de milliers d’enfants malformés, l’uranium appauvri la cause mortel de ce désastre humanitaire

Evaluez cet article
(0 vote)

De nombreux médecins irakiens tentent d’alerter la communauté internationale depuis des années pour obtenir de l’aide, relayés par des personnalités de premier plan au niveau international. En vain. Suite au blocage du rapport, 58 sommités issues du monde scientifique, intellectuel, des professionnels de la santé et des défenseurs des droits humains ont écrit en mai 2013 à l’OMS et au ministère irakien de la Santé pour demander la libération immédiate dudit rapport. Aucune réponse n’a été apportée à cette lettre signée par des universitaires du monde entier, parmi lesquels figuraient Noam Chomsky, Ken Loach, John Tirman, le Dr Mozhgan Savabieasfahani, et des organisations comme Human Rights Now du Japon, Health Alliance International, et bien d’autres personnes éminentes du monde scientifique et intellectuel. Devant cette obstruction délibérée, Hans von Sponeck, ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies et membre du Tribunal BRussels a déclaré : « Le gouvernement américain a tout fait pour empêcher l’OMS d’enquêter dans les zones du sud de l’Irak où de l’uranium appauvri a été utilisé et a causé de graves dommages sanitaires et des risques environnementaux ».

Les autorités américaines admettent avoir utilisé 320 tonnes d’UA, chiffres contestés par la fondation LAKA d’Amsterdam qui estime le nombre réel plus proche de 800 tonnes larguées en Irak pendant la guerre de 1991, et 1200 tonnes lors de son invasion de 2003. En 1991, l’armée américaine a tiré près d’un million d’obus à l’UA en trois jours sur les milliers de réfugiés et de soldats irakiens battant en retraite sur la route de Bassorah. Très rapidement, certaines régions du sud de l’Irak ont vu une augmentation annuelle de 350 % de cas de leucémie, de déficiences immunitaires, de cataractes et de dysfonctionnements rénaux. Les statistiques officielles du gouvernement irakien montrent qu’avant le déclenchement de la première guerre du Golfe en 1991, le taux des cas de cancer était de 40 sur 100 000 personnes. En 1995, il avait augmenté à 800 sur 100 000, et en 2005, il avait doublé pour atteindre au moins 1 600 individus sur 100 000. Les estimations les plus récentes montrent la poursuite régulière de cette progression. « Le monde doit savoir que les Irakiens ont été victimes de l’agression infligée par l’utilisation de munitions à l’uranium appauvri par les troupes américaines et britanniques au cours de ces guerres, et que cela constitue un génocide », a déclaré le Dr Jawad al-Ali, médecin oncologue expert au Centre de traitement du cancer de Bassorah. Il estime qu’il existe 300 sites à travers l’Irak qui sont contaminés par le rayonnement des munitions à l’UA. « Avant la guerre du Golfe, nous avions deux ou trois patients atteints du cancer par mois, maintenant, 30 à 35 personnes meurent chaque mois. Nos études indiquent que 40 à 48 % de la population aura un cancer dans un délai de cinq ans ». Sachant que l’OMS chiffrait la population irakienne à 33 765 000 habitants en 2013, nous pouvons évaluer qu’environ 15 000 000 de personnes seront atteintes d’un cancer dans les prochaines années. En outre, jamais auparavant un taux aussi élevé de malformations du tube neural (spina bifida) n’avait été constaté chez les bébés comme à Bassorah et ce taux continue d’augmenter. Le nombre d’hydrocéphalies (eau dans le cerveau) chez les nouveau-nés est six fois plus élevé à Bassorah qu’aux États-Unis et certaines malformations sont pratiquement inconnues en dehors des manuels de médecine montrant les enfants nés à proximité des sites d’essais nucléaires dans le Pacifique : des bébés avec des moignons à la place des membres, ou les intestins hors de l’abdomen, présentant d’énormes tumeurs, les yeux exorbités ou avec un seul œil comme des cyclopes, ou sans yeux, sans membres, des enfants anencéphales (absence d’une grande partie du cerveau et du crâne), ou connaissant de graves problèmes respiratoires, avec des tumeurs malignes très agressives dans les membres qui aboutissent à l’amputation. Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. Une spécialiste en pédiatrie à l’Hôpital général de Falloujah, le Dr Samira Alani, a réalisé une enquête suite à la prolifération des anomalies congénitales qui ont suivi les bombardements américains depuis 2005. Ses recherches l’ont conduite au Japon où elle a rencontré des médecins japonais qui étudient le taux de malformations chez les bébés dû au rayonnement des bombardements nucléaires américains d’Hiroshima et de Nagasaki. Le taux d’incidence des malformations à Hiroshima et Nagasaki s’élève actuellement entre 1 et 2 %. Le Dr Alani a noté que les cas de malformation congénitale s’élèvent à 14,7 % de tous les bébés nés à Falloujah, c’est-à-dire plus de 14 fois le taux dans les zones touchées du Japon. Les médecins irakiens ​​estiment que des malformations congénitales ont augmenté de 2 à 6 fois, et 3 à 12 fois plus d’enfants ont développé un cancer et la leucémie depuis 1991. Un rapport publié dans The Lancet en 1998 avait déclaré à l’époque que près de 500 enfants mouraient chaque jour des suites de la guerre et des sanctions et que le taux de mortalité des enfants irakiens de moins de 5 ans était passé de 23 pour mille en 1989 à 166 pour mille en 1993. Qu’en est-il en 2015, sachant que cette tendance s’amplifie ?

Dans l’ensemble, les cas de leucémie lymphoblastique aigüe ont plus que quadruplé avec d’autres cancers qui augmentent à un rythme alarmant. Chez l’homme, les cancers du poumon, de la vessie, des bronches, de la peau et de l’estomac ont montré la plus forte augmentation. Chez les femmes, les plus fortes hausses ont été le cancer du sein et de la vessie, et le lymphome non hodgkinien. Il faut également compter les milliers de fœtus qui ne sont pas arrivés à terme. On a en effet constaté un saut spectaculaire de fausses couches et de naissances prématurées chez les femmes irakiennes, en particulier dans les zones où de fortes opérations militaires américaines se sont produites, comme à Bassorah en 1991 et à Falloujah en 2004. Par ailleurs, une étude épidémiologique menée par Chris Busby, chimiste britannique de renommée internationale, intitulée « Le cancer, la mortalité infantile et la naissance sex-ratio à Falloujah, en Irak 2005-2009 » établie sur une population de 700 ménages à Fallujah montre que la crise de la santé représente « le plus haut taux de dommages génétiques dans une population jamais étudiés ». Outre ce désastre sanitaire qui frappe le peuple irakien, au cours des deux guerres menées contre l’Irak, l’infrastructure médicale a été complètement détruite alors que ce pays possédait les hôpitaux les plus modernes de la région et des praticiens de très haut niveau. Le potentiel médical, tant en médicaments qu’en équipements, quasiment réduit à néant pendant l’embargo criminel qui a duré treize ans, ne permet plus de soigner la population qu’avec des moyens sommaires. En outre, des milliers de médecins ont été assassinés et beaucoup d’autres ont dû fuir le pays pour échapper à la mort et pour mettre leurs familles à l’abri.

Les milliers de tonnes de bombes bourrées d’UA, sans parler des bombes au napalm, au plasma et au phosphore que les Américains et les Britanniques ont déversées sans répit sur l’Irak, ont dispersé dans l’air des milliards de particules meurtrières qui ont été propagées par les vents dans toute la région, mais aussi dans le monde entier. La poussière d’uranium appauvri toujours présente dans l’air, le sol et les nappes phréatiques, s’est disséminée dans les cultures, la faune, la flore, empoisonnant tout l’environnement et se retrouve dans la nourriture, les vêtements, les matériaux de construction, les métaux, et jusque dans les jouets des enfants. La radioactivité persistera pendant quelque 4,5 milliards d’années, continuant à tuer des millions d’irakiens de tout âge pendant des siècles. En outre, les gènes des individus peuvent avoir été endommagés à jamais. Il s’agit d’un crime contre l’humanité qui peut être classé parmi les pires atrocités de tous les temps.

Pour contrer toute tentative de déni de cette situation apocalyptique en Irak, il est intéressant de noter que certaines maladies observées chez les vétérans de la guerre d’Irak exposés à la poussière d’uranium appauvri sont semblables à celles des Irakiens. En effet, des soldats ayant participé à la guerre du Golfe ont engendré des enfants atteints d’anophtalmie (sans yeux) et dans un groupe de huit militaires dont les bébés sont nés anophtalmiques, sept sont connus pour avoir été directement exposés à l’UA. D’autres ont engendré des enfants avec les bras atrophiés et d’autres anomalies rares associées au rayonnement radioactif. Ils semblent également sujets au cancer et la leucémie. Autre fait révélateur, le taux de leucémie des soldats de l’UE qui ont servi comme Casques Bleus dans les Balkans où l’uranium appauvri a également été utilisé est aussi très élevé. En 1997, citant des expériences dans lesquelles 84% des chiens exposés à l’uranium inhalé étaient morts des suites d’un cancer des poumons, le Dr Asaf Durakovic, professeur de radiologie et de médecine nucléaire à l’Université de Georgetown à Washington a déclaré : « L’Administration des anciens combattants dépendant du gouvernement américain m’a demandé de mentir sur les risques de l’intégration de l’uranium appauvri dans le corps humain. L’uranium provoque le cancer, l’uranium provoque une mutation, et l’uranium tue. Si nous continuons avec la contamination irresponsable de la biosphère et le déni du fait que la vie humaine est menacée par l’isotope mortel de l’uranium, alors nous nous faisons du tort à nous-mêmes, nous rendons un mauvais service à la vérité, à Dieu et à toutes les générations qui suivent ». Suite à cette déclaration, les autorités américaines ont immédiatement bloqué sa recherche.

Plus de 3 300 000 d’Irakiens, hommes, femmes et enfants, sont morts à la suite de l’agression criminelle des États-Unis et du Royaume-Uni entre 1991 et 2011 : 200 000 tués dans la première guerre du Golfe, 1 700 000 morts à la suite de sanctions. Le Tribunal BRussels, réseau international consacré essentiellement à l’Irak et composé d’intellectuels, de juristes, d’artistes et de militants issus du monde entier, milite pour la paix et se veut un pont entre la résistance intellectuelle dans le monde arabe et les mouvements pacifistes occidentaux. Il organise régulièrement des sessions internationales au cours desquelles différentes stratégies sont étudiées en vue de traduire en justice les responsables du génocide commis par les Etats-Unis et le Royaume Uni en Irak.

Source : librexpression.org

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir