mardi, 14 mai 2019 11:58

Le Québec aux CanadiEns

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Gilles Verrier

L'existence du Canada date de la Nouvelle-France, il date d'avant la conquête. Vaudreuil signe les Articles de capitulation de Québec (1759) et de Montréal (1760) à titre de Canadien. Les documents de capitulation réfèrent à des Canadiens et à des Acadiens. Ce sont des documents internationaux parce que signés aussi par la France et l'Angleterre, au total trois entités. Nous avons négligé de réclamer notre statut national à partir de ces documents parce que nous n'en avons jamais mesuré la valeur juridique, qu'il faudrait plaider en vertu du droit international coutumier. Tous nos législateurs et constitutionnalistes, depuis la Confédération, et singulièrement avec Claude Morin et René Lévesque, ont choisi de défendre nos droits sur la base du droit anglais : le Common Law. La solidité de notre cause sur le plan international, bien plus légitime que celle de la Catalogne par exemple, dépend cependant de la volonté de se réclamer à titre de premiers canadiens.

 « Ce qui est indéniable, c'est que dans notre situation historique, il est plus facile de faire passer et accepter notre cause en nous définissant comme Canadiens-Français plutôt que comme Québécois. »

« Michel Brunet avait trouvé la vraie formule, celle qui a de la substance, quand il refusait de traduire les termes et distinguait au Canada deux nations: les "Canadiens" formant une nation sociologiquement bien caractérisée mais privée de son État, et les "Canadians", nouvelle nation en formation à l'intérieur du territoire enlevé à la France et tentant de nous éliminer par émigration, assimilation ou minorisation à l'état d'insignifiance par noyade dans un flot d'immigrants. C'était reconnaître le fait, qui ne pourra jamais être changé, que nous sommes et avons été les seuls Canadiens, on peut dire au moins jusqu'à la guerre de 1914. »

« La cause est québécoise parce qu'il s'agit d'un territoire ayant nom, le Québec, qui réclame son indépendance. Mais il reste qu'une des principales raisons de la confusion où nous sommes tombés vient de ce que la nouvelle génération des néo-nationalistes indépendantistes des années 1960 a voulu rompre avec l'histoire qui avait fait de nous, d'abord les seuls vrais Canadiens et fondateurs du Canada, à quoi s'était ajoutée la distinction de "Canadiens-Français", quand les Anglais vivant au Canada ont voulu se dire aussi des "Canadians". Dans un sursaut de fierté anti-colonialiste mal dirigée, on a voulu mettre à l'index jusqu'au nom "Canadien", pour ne plus être que des "Québécois". Cela a correspondu d'ailleurs avec un processus général de répudiation des valeurs que véhiculait notre histoire nationale, de construction d'un nouveau nationalisme proprement québécois qui n'aurait rien de commun avec l'ancien, dont on voulait totalement se dissocier. »

« ... ils n'ont pas assez tenu compte que l'expression "Québécois", elle, n'avait pas d'histoire et que tout le monde, ne la comprenant pas ou se refusant même à la comprendre comme eux, allait nous engager dans une lutte de signification de ce qu'est un Québécois. Tant que nous nous disions Canadiens-Français, personne d'autres que nous ne pouvait s'identifier à notre histoire, à nos droits, sans accepter de s'identifier à nous, tels tant de Canadiens-Français qui portent effectivement des noms annglais, irlandais ou écossais. »

François-Albert ANGERS
Analyse du référendum de 1980 II
Revue L'Action nationale

Commentaires   

 
0 #1 Réjean Drouin 17-05-2019 06:20
On ne défend l'existence d'un peuple en reniant le nom de ses ancêtres et le nom de la patrie que ceux-là ont fondée.

Voilà pourquoi nous sommes toujours colonisés aujourd'hui.
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