lundi, 24 fevrier 2020 13:15

L´Ontario, ce territoire huron non cédé ?

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Réjean DeGaules

Les Mohawks de Belleville en Ontario ne sont pas contents. Sujet délicat et clivant en apparence. La tentation de dire si les wagons qui passent sur leur territoire étaient remplis d'aide gouvernementale à l'adresse des Premières-Nations, la voie ferrée ne serait pas bloquée et la « crise » se réglerait d'elle-même. La tentation est aussi grande d'écrire un texte comme celui de Madeleine Pilote-Côté. Tentant de dire que tout est la faute des squatteurs européens. Devant une population et des politiciens allergiques aux affrontements, la solution sera mitoyenne et ne réglera rien. Andrew Sheer serait au pouvoir que la situation serait exactement la même. Ce n'est pas une situation qui se règle par de la politique partisane de chroniqueur ou des débats pavloviens à la Chambre des communes.

La ville de Montréal (l'état) fait passer les résidus de Ville-Marie pour un territoire iroquois non cédé. Si telle est le cas, pour quelle raison, la province de l'Ontario n'est-elle pas considérée comme un territoire huron non cédé ? La Huronie, pays formé de petits villages situés sur le territoire de l'Ontario du temps de la fondation de Montréal, n'a-t-elle pas été détruite par des Iroquois armés des marchands anglais et hollandais ? Rappelons, pour comparaison, qu'il n'y avait pas de village iroquois autour du Mont-Royal au moment de la fondation de Montréal.

Qu'on cède aux Hurons leur territoire ancestral. Qu'on l'enlève aux Anglais et aux Iroquois (mohawks) ! Allez ! Oust les Anglais et les iroquois. Vous n'êtes pas chez vous en Ontario. Pour quelle raison Montréal serait une terre non cédée aux premières nations et pas la totalité du territoire ontarien ?

Certes, il existe une entente orale entre les Algonquins et les Français, rappelée à Maisonneuve au moment de poser la croix sur le Mont-Royal qui n'existe pas entres Anglais, iroquois et Hurons, mais à écouter nos politiciens Montréal n'est pas un territoire non cédé aux Algonquins, mais bien aux Iroquois. De plus, utiliser l'expression « non cédé » pour un territoire officiellement français, c'est exiger la sainteté de la part des Français (des concessions à n'en plus finir) et absolument rien de la part des Anglais de l'Ontario. Ça montre bien qui tente de manipuler les Premières-Nations, mais surtout plusieurs chercheurs qui s'intéressent à ce sujet. Plusieurs membres de premières nations se rendent compte de la manipulation, comme l'indique ce reportage de Radio-Canada.

En voici un extrait : « Mais d'autres suggèrent que les peuples autochtones pourraient se servir de cette reconnaissance pour faire valoir leur droit juridique sur le territoire. Or, les opposants craignent que l'admission d'un « territoire non cédé » puisse laisser croire que les peuples autochtones sont propriétaires du territoire, et qu'ils pourraient le récupérer à tout moment.

Un argument que rejette Naiomi Metallic, qui a grandi dans une communauté mi'kmaq en Gaspésie. « Un tribunal canadien ne dira jamais: "OK, c'est un titre autochtone et tous les gens d'ascendance européenne doivent partir" », a-t-elle déclaré.

Mais Frances Widdowson, professeur à l'Université Mount Royal de Calgary, estime que si ces territoires ne sont jamais restitués aux peuples autochtones, alors ces déclarations solennelles constituent de la poudre aux yeux. »

Comme quoi, le jeu de dupe ne touche pas tout le monde.

Admettre Montréal comme un territoire non cédé aux Iroquois, c'est, selon toute logique, difficile à démontrer. Parce que les Iroquois, nomades, auraient circulé abondamment sur ce territoire, y auraient chassé, etc., le territoire leur appartiendrait ? Il est quand même ironique de discuter avec des gens qui ne reconnaissent aucunement la légitimité de l'appartenance terrienne, qui se disent citoyen du monde (rien n'appartient à personne ou tout appartient à tout le monde), mais à qui l'on devrait concéder qu'un territoire devrait appartenir à une tribu des premières nations. Autrement dit, quand ce sont les premières nations, ils ont le droit de posséder un lieu, peu importe s'ils n'y ont jamais vécu, mais tout autre peuple n'a aucun droit. Il faudrait savoir ce que vous voulez chers amis.

Les voyageurs seront contents d'apprendre que la terre au complet leur appartient et qu'ils la souillent comme leurs ancêtres humains ne l'auraient pas permis. La terre entière, territoire non cédé ? Même les écologistes bien manipulés à leur insu ne tomberaient pas dans le panneau. Ils seraient les premiers à téléphoner à la police advenant une situation dans laquelle un Inuit qui dort dans les rues du centre-ville de Montréal aurait l'audace de s'approcher de leur possession, de leur précieux.

Comme quoi la diplomatie à coup de tweet peut avoir des conséquences assez burlesques.

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