vendredi, 20 septembre 2019 08:13

Un changement de cap qui changea l´histoire

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Gilles Verrier

On a pas fini de faire la lumière sur un revirement extraordinaire qui s'est produit au PQ en 1974.

La progression du vote favorable s'était accrue de manière encourageante aux élections de 1973. Le nombre de députés n'avait pas augmenté dans la même proportion que le vote, mais c'était une simple distorsion du mode électoral. Pour un parti qui avait à peine 5 ans, les espoirs restaient intacts. Or, tenu pour décevant par des impatients, ce résultat fît monter au créneau ceux qui n'aspiraient qu'à occuper un fauteuil ministériel. Le congrès péquiste de 1974 devait les satisfaire. Il sera qualifié de congrès de l'étapisme, mais il n'était pas moins celui de l'électoralisme, celui du pouvoir avant tout. Ce congrès* aura donc des conséquences considérables, encore très sous-estimées aujourd'hui. Rappelons tout de même que, malgré le battage et les pressions, 30% des délégués se prononcèrent contre ses décisions. Cet événement  est le moment clé qui fera basculer le destin national du droit des nations à disposer d'elles-mêmes (application électorale imparfaite de ce droit, mais pouvant raisonnablement y prétendre**) au droit démocratique, sans considération nationale. Le sort de la nation demanderesse, qui n'a jamais été autre que la nation canadienne-française, passa en d'autres mains. Jusqu'alors assujettie raisonnablement à sa propre décision, le destin national passa aux mains d'une nation synthétique et fictive, celle de "tous les Québécois", que l'on peut définir comme un amalgame des colonisateurs et des colonisés historiques, toujours divisés par un contentieux non résolu. C'était donc une réconciliation volontariste, précoce, prématurée; une abdication, un piège à ours. Était-il tendu par un béotien de la politique ayant accédé trop tôt à l'influente direction adjointe du Parti québécois ? Ou par un quidam de la GRC qui entretenait par ailleurs des relations avec les plus haut fonctionnaires fédéraux ? C'est selon... Quoi qu'il en soit, les ayants droits à l'indépendance, déclassés de ce titre en 1974, et ignorés par la loi 99, en 2000, n'ont pas dit leur dernier mot. 
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* « Le cinquième congrés du Parti québécois (PQ), qui se déroule à Québec, est marqué par l'adoption d'une résolution prévoyant la tenue d'un référendum sur la souveraineté advenant l'élection du PQ lors d'une élection générale. 
À la fin septembre, la direction du PQ, réunie à Sainte-Anne-de-Sorel, avait adopté un texte inspiré d'une étude de Claude Morin. Celui-ci proposait de lier l'accession à la souveraineté à un vote majoritaire obtenu lors d'un référendum que le PQ tiendrait après avoir pris le pouvoir. Cette stratégie tranche avec la situation qui prévalait à ce moment, puisque pour le PQ, une victoire électorale constituait un mandat pour enclencher le processus menant à la souveraineté.» http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/21405.html

** La victoire électorale était plus facile à obtenir que la victoire référendaire pour la simple raison que les CanadaAns étaient concentrés dans un nombre limité de circonscriptions électorales. Leur offrir le référendum sur un plateau d'argent était un cadeau qui multipliait l'impact de leur droit de vote.

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