vendredi, 19 avril 2019 11:32

Dieu, grand absent des temps modernes (ou comment voir à travers le prisme du temporel)

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Mike Deschamps

Autant les constructions modernes sont à l’image de notre mode de vie où l’argent est devenu le cœur de notre société autant les constructions d’antan reflétaient la transcendance des hommes d’autrefois…

Autre temps, autre mœurs

Dans cette nouvelle ère du mondialisme qui s’accorde à merveille avec la désacralisation de la société occidentale, tout le monde s’émeut de la catastrophe de la cathédrale Notre-Dame. C’est sous l’angle de la marchandise que l’on se désole du désastre. « C’est un joyau du patrimoine mondiale » s’exclameront certains. Pour d’autres, la cathédrale n’appartient pas aux catholiques, elle appartient à tout le monde.  Joseph Facal du Journal de Montréal précise « Notre-Dame de Paris n’appartient ni aux Parisiens, ni à la France, ni aux catholiques, mais à tous ceux-là ensemble et, plus largement, à l’humanité tout entière, indépendamment des croyances ou de la nationalité de chacun. » [i] Et pourtant… Notre Dame  est le cœur du catholicisme français mais pour les marchands du temple il ne s’agirait donc que d’une vieille relique appartenant à un passé révolu mais qui de par sa beauté rapporte de l’argent. Pas une seule fois on évoquera Dieu en parlant de la cathédrale. Par contre on ne manquera pas de souligner qu’elle a attiré 13 millions de visiteurs l’année dernière. Voilà ce qui importe aux marchands du temple et à leurs esclaves : la rentabilité. Et ce sont ces mêmes marchands du temple véreux qui offriront des millions d’euros pour la restauration.

Observer à travers le prisme de la marchandise

Insensible à cet incendie ? C’est le constat de  Sophie Durocher qui dans un article du Journal de Montréal, souligne une litanie d’énormités parmi quelques personnalités du Québec.  C’est toujours sous l’œil bienveillant de la société marchande que madame Durocher se permet de critiquer l’insensibilité de certains « Décidément, on n’a pas la même définition de la beauté... […] On peut être parfaitement athée, agnostique ou encore croire en Vishnou, ou Bouddha et fondre en larmes en voyant autant de beauté partir en fumée. Comme on peut très bien être anticlérical à l’os et verser une larme en entendant l’Ave Maria de ... ou le Hallelujah de Leonard Cohen. On peut avoir fait son apostasie (comme je l’ai fait la semaine dernière) et être remuée profondément par un tableau de la Vierge à l’enfant.[…] On peut trouver les religions ridicules et être bouleversé en entrant dans un lieu de culte qui est une œuvre d’art, un symbole du génie humain. » [ii] Voilà à quoi conduit la société matérialiste. Cette société où le spirituel a fait place au temporel. Tout ne doit être qu’objet de consommation. Rien ne doit témoigner d’une époque où les gens construisaient des édifices à la gloire et la grandeur de Dieu avec comme seule motivation leur foi. La foi, ce mot inconnu pour Joseph Facal qui précise encore « Il y a une poignée d’œuvres dans le monde, nées des efforts de milliers d’ouvriers et d’artisans dont l’histoire n’a pas retenu les noms, qui sont des hommages à l’esprit humain, à sa capacité à créer du sublime. » Et c’est avec cette vision parfaitement laïcisée  que l’homme déraciné, et aliéné à la société marchande, contemple les témoignages du passé. Nietzche expliquait à ce propos  « Et ce que l’on faisait autrefois pour l’amour de Dieu, on le fait maintenant pour l’amour de l’argent, c’est-à-dire pour l’amour de ce qui donne maintenant le sentiment de puissance le plus élevé et la bonne conscience.» Et puis la cathédrale Notre Dame a survécu à l’urbanisme telle que décrite par Guy Debord « L’urbanisme est cette prise de possession de l’environnement naturel et humain par le capitalisme qui, se développant logiquement en domination absolue, peut et doit maintenant refaire la totalité de l’espace comme son propre décor. » il est donc impératif qu’elle s’assimile au décor du Capital afin que ne subsiste aucun symbole de transcendance  dans l’esprit de l’homme déraciné. Rien ne doit bousculer son aliénation à la société de la consommation.

Mesurer l’ampleur des dégâts causés par le mondialisme c’est aussi pouvoir comprendre la condition de l’homme déraciné qui est condamné à vivre sans Dieu.


[i] https://www.journaldemontreal.com/2019/04/16/a-court-de-mots

[ii] https://www.journaldemontreal.com/2019/04/17/notre-dame-de-paris-une-litanie-denormites

Commentaires   

 
0 #2 Louis-Philippe 21-04-2019 20:52
Il est quand même ironique de voir tous ce gens qui se fichent complètement de Dieu et de son Église mais qui sont prêt à donner beaucoup d'argent (déductible d'impôt) pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Des gens qui ne mettent jamais ou presque les pieds dans une Église et qui sont allergique à toute forme de pratique religieuse, mais qui voient un intérêt à la reconstruction de ce monument religieux et pluricententair e. La diminution radicale de la foi et de la piété, comme le si bien l'auteur de cet article, ne laisse place qu'à la société marchande et mercantile. Que c'est triste mais gardons espoir en la puissance de Notre-Seigneur qui a su triompher de la croix.
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0 #1 Louis-Philippe 19-04-2019 17:51
Une preuve de plus que l'homme a besoin de soumettre à l'autorité d'un principe extérieur. Quand il rejette l'autorité de Dieu, il n'est pas "plus libre" pour autant, car ce sont d'autres idoles qui prennent la place et en premier lieu l'argent et tous ses méfaits. Très bon texte Mike.
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