Réjean De Gaule
Questionné sur les Gilets jaunes, Étienne Chouard donnait l'impression de réfléchir à voix haute. « Agiter le peuple avant de s'en servir... C'est comme si les élites [Macron] cherchaient à ce que ça pette... Normalement les révolutions colorés se déroulent dans les pays pauvres. Ce serait une première, si ça advenait en France. Et une révolution colorée, c'est généralement pour instaurer ensuite... une dictature. » Et comme pour se convaincre que le peuple n'était pas agité avant qu'on s'en serve, que ce n'est pas le même schéma que la tartuferie des révolutions colorés, Chouard ajoute « C'est inespéré que les Gilets jaunes s'emparent du référendum d'initiative populaire. […] Le référendum d'initiative populaire n'est pas encore la démocratie, mais si vous commencez à y réfléchir, vous devenez constituant dans les jours qui suivent... »
La France : un pays pauvre ?
À écouter plusieurs Gilet jaunes, la France est pauvre... ou riche, mais seulement une petite partie de la population profite des richesses. On en viendrait presque à croire que la France est devenu un pays sinistré. En m'aventurant sur un catalogue web de femmes qui s'offrent en mariage, je devrais donc trouver quelques françaises désespérées comme c'est le cas pour des russes, ukrainiennes, etc. etc. Dans les champs du Québec, l'été prochain, l'on devrait apercevoir des migrants français ramasser les roches ou récolter les concombres, les tomates, les fraises, les bleuets etc. comme le faisaient les mexicains l'été passé. Dans les agences de placement, la liste de personnes à appeler afin de remplir les emplois de plongueur, de nettoyeur, de manutentionnaire deviendra résolument française. Les migrants sauront parler français. N'est-ce pas une bonne nouvelle ?
Ça ne se déroule évidemement pas de cette manière. La France n'est pas pauvre. Le problème est ailleurs. Plusieurs pointent la loi du 3 janvier 1973 Pompidou-Giscard-Rothschild qui privatisa la banque de France, forçant l'état à s'endetter avec intérêt, alors qu'avant elle était absout de tout intérêt. Une partie du problème est financier, en effet. Mais si cette loi a été votée il fallait d'abord que l'état appartienne aux banquiers. Le problème remonte donc à plus loin que ça.
Nomades vs sédentaires
Avec les Gilets jaunes, nous assistons à un affrontement entre nomades et sédentaires.
Un sédentaire n'a pas le choix de s'entendre avec son voisin, car il le reverra jour après jour. Généralement, la survie du village dépend de cette bonne entente. De cette angle, la rupture est impensable, la révolution se fera contre lui. La population sédentaire, si elle n'est pas unie, est fragile. Et plus un groupe est nombreux, plus il est facile à diviser.
Un sort très peu enviable
Le nomade peut vivre en harmonie avec les sédentaires. Bien sûr, il peut aussi raconter n'importe quoi au sédentaire, il ne les reverra souvent jamais. Autrefois, le nomade avait besoin, malgré tout, que le sédentaire soit vigoureux afin de se préserver des points d'ancrage en bonne condition, avant de partir vendre sa camelotte ailleurs.
Aujourd'hui, le sédentaire ne peut rien faire sans l'approbation du nomade. Les autoroutes sont payantes, le prix du gaz est ridicule en raison des taxes, la prise de décision passe par un vote pour des politiciens qui ne font jamais rien et qui ne s'appartiennent pas, et je ne fais que nommer les raisons tangibles de la révolte. À moins que vous connaissiez des banquiers sédentaires, qui ne vivent pas du voyage, le sédentaire est baisé quoiqu'il fasse.
Si le colonisé accepte de se prostituer ou de se travestir pour les beaux yeux d'une hyperclasse sans scrupule, le français patriote et cohérent (il ne peut qu'être sédentaire), aura de la difficulté à s'y résigner. À plus ou moins brève échéance, si les Gilets jaunes n'obtiennent rien, bon nombre d'entres eux sont voués à s'expatrier et peut-être bien même remplacer le maghrégin flanneur dans les cafés de Montréal. Le maghrébin flanneur ne vous le dira jamais parce qu'il est orgueilleux comme c'est difficile de se l'imaginer au Québec, mais je vous le dis : généralement, il est séparé de sa femme (en dehors du pays d'origine, elle peut se passer du mari pour bien vivre), sur le chômage, ses enfants le déçoivent en devenant des activistes LGBT par exemple (de ce point de vu, les Canadiens sont de très bons tortionnaires de nouveaux arrivants), très mauvais consommateur parce qu'il vit encore comme dans son pays d'origine dans lequel la consommation n'est pas une vertu, trop têtu pour devenir un yankee comme un autre et ira parfois jusqu'à refuser de l'aide si cette aide impose de travestir sa culture qu'il a intériorisée au point de la considèrer comme la seule manière acceptable de vivre. Bref, le maghrébin s'il ne vit pas que pour sa communauté, donc, contre la nôtre, est un éternel étudiant, un chômeur ou nettoie les chiottes du Mcdo (ce qu'ils ne sont pas tous prêt à faire, ça se comprend). Autrement dit, la condition du déraciné ou du nomade qui n'adhère pas au dogme du mondialisme en est une autodestructrice.
Autrement dit, si les Gilet jaunes ne fomentent qu'une révolution colorée, de sans culottes, de GND, leur destin sera assez triste.
La France n'est peut-être pas pauvre, mais les dirigeants font durs. Pour que la France, autrefois grande puissance, ait des élites dignes d'une république de banane, il a fallu des efforts considérables. Si ces mêmes efforts sont faits pour la redresser, de petits miracles pourraient arriver. Il faudra une discipline et des sacrifices en lesquelles les humanistes ne croient pas. J'ose espérer qu'ils ne faillent pas tous croire aux miracles pour qu'ils arrivent.