samedi, 24 septembre 2016 10:53

L'indépendance (7ème partie)

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Photo Pinsonneault : Maurice Duplessis et ses soeurs, Margueritte, Jeanne, Etiennette, et Gabrielle
 
Juriste Curé
 
À qui profite le crime ?
 
La grève servit principalement à donner une mauvaise réputation à Duplessis dans les livres d’histoire. Grève illégale et grabuge… à moins de vouloir le chaos dans son royaume, Duplessis n’avait d’autre choix que d’envoyer la police sur les lieux. Et c’est ce qu’il fit. Un peu tard même, diront ces biographes Conrad Black et Robert Rumilly. Mais à quoi peut bien servir une grève et un saccage qui n’arrangent ni les ouvriers ni les employeurs ? Le quotidien ' Le devoir  ' lui consacra, selon les mots mêmes de Gérard Pelletier journaliste au Devoir et futur collaborateur de Pierre Elliot Trudeau dans son accession au pouvoir, « plus de reportages, de commentaires, d’éditoriaux et de dépêches... qu’à n’importe quel autre sujet d’actualité » 11 Proportionnellement aux faibles moyens dont disposait ' Le devoir ', Pelletier fut envoyé à Asbestos par de grands moyens, écrit Jacques Rouillard. Selon un documentaire de la chaîne Historia, tous les journalistes du Devoir étaient membres de l’ordre de Jacques Cartier, une loge maçonnique québécoise.  Dans un long article, Michel Vastel du Soleil écrivait que « la plus grande victoire de ces modestes mineurs fut d’imposer le respect » face au pouvoir politique et au grand patronat. « Le Québec venait d’oser relever la tête ». C’est vrai que Trudeau respecta le peuple par la suite… bien profond dans son cul. Ce que les élites libérales de ce temps qui forment encore aujourd’hui la doxa québécoise ne parviennent pas à comprendre, c’est à qui profite le crime ? Le gouvernement s'est mis à craindre les ouvriers certes, mais quel est l'avantage d'être craints ? Être craints de son père n’a rien de constructif, n’est-ce pas ? De ce fait, ne se sont-ils pas réfugiés dans la gueule du loup en confiant ses dossiers à des élites libérales pour qui la réussite nationale n’avait aucune importance, pour qui seule leur carrière comptait ?
 
S’il y eut entente entre l’employeur et le syndicat durant la grève de l’amiante, ce fut par l’intervention de Monseigneur Roy le médiateur, autrement dit, grâce à quelqu’un de bien plus traditionnel que les autres apprentis sorciers.
 
Quant à Trudeau et Marchand, je n’ai pas besoin de vous faire un dessin. Nul ne fut plus escroc qu’eux par la suite. Et c’est généralement à eux qu’on donne raison dans les livres d’histoire. Pas aux ouvriers. Pendant que Duplessis gagnait des batailles sur le terrain par une sévérité bien difficile à apprécier, Trudeau gagnait celle de l’histoire par une frivolité apparente toute séduisante. Les élites libérales, avocats, profs d’université, médecins qui avaient été flattés dans le bon sens du poil et qui écrivirent l’histoire par la suite, sont à blâmer pour cette défaite. Fautes des élites libérales, parfois même libertaires qui, tenues éloignées très longtemps du pouvoir, et disposant, par leur idéologie, d’un égo qui donne soif de ce pouvoir assez rapidement, parfois même sans posséder l’éthique de travail ou les compétences pour en assumer les conséquences, compensant par un laxisme et des flatteries très appréciées par autrui parce que très peu exigeants, se sont essayés à ouvrir une boîte de pandore anti-Duplessis, anti ordre établi, anti autorité, exigez et vous aurez, etc. Quoique parfois bien intentionnés, ils ont tous fini par être trahis par la lâcheté que leur pensée a engendrée.
 
Maurice Duplessis 1er n’eut aucune descendance. Rare homme politique à ne pas avoir eu de femme (ceux qui ont lu sa biographie ou écouté la télésérie que le cinéaste Denys Arcand lui a consacrée savent pourquoi). Aucune femme, si ce n’est Auréa Cloutier sa secrétaire qui a passé plus de temps avec Duplessis qu’avec son mari (c’est ma déduction, la durée d’une journée de travail d’un secrétaire du premier ministre étant de 12 heures pas jour [Maurice Duplessis et son temps, Robert Rumilly, p. 385]). Ce qui me fait dire que ses enfants s’incarnaient dans le peuple québécois. Au final, s’il y en a un qui a réussi, ça demeure possible. Mais ça ne s’engendre pas instantanément. Sa manière de respecter le peuple et les ouvriers, il l’a acquise parce qu’il vient d’une ville ouvrière (Trois-Rivières). Il les a côtoyés !
 
Formé par la doctrine ultramontaine de monseigneur Laflèche et par le frère André (qu’il fréquenta passablement dans sa jeunesse), - ce n'est pas tout le monde qui a cette chance -, sans oublier Nérée Duplessis son père qui, en se faisant avocat et député, pu lui transmettre toutes les astuces du métier - il n'a donc jamais eu à payer pour apprendre le métier de politicien, il n'était donc redevable à personne autre qu'à son père, donc très indépendant - on peut dire que quelque part, on ne sait trop où, il y a des empreintes teintées d’absolutismes monarchiques dans lesquels il est possible de marcher au sein de ce Québec enseveli de neige, noirci par le sable et le sel politique.
 
Le prochain monarque viendra-t-il d’un ghetto multiculturel avec des parents et mentors québécois de souche ? Dans l’état actuel des choses, je ne l’imagine pas autrement…
Suite… les médias : La « radio-poubelle » comme exemple d’indépendance…
 

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