dimanche, 03 janvier 2016 12:49

Feuilleton : correspondance entre un québécois et un canadien-français (3eme partie)

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Juriste Curé

Toé : canadien-français

Moé : Québécois 

 

Cher toé,

Je n’en crois pas mes yeux. La lecture de ta précédente lettre m’a ébloui. Un agriculteur qui a une bonne maîtrise de l’écriture ! Je te savais canadien-français donc écrivant sans faute et mieux que mes chums de brosses, mais canadiens-français à ce point-là, jamais ! J’ai raconté à tous mes amis de facebook que ta langue était difficilement compréhensible, mais je vois bien qu’elle se rapproche de la mienne. Sincèrement désolé. Toé aussi, à la manière d’un vulgaire immigrant on t’a sans doute dit de retourner en France parce que tu parles différemment du peuple qui t’entoure. Voilà bien un point commun qui pourrait nous unir dans la douleur de vivre comme des étrangers sur notre propre territoire.

D’autre part, je me suis délecté à la lecture des citations du frère Untel. Mais bon sang de bon Dieu, comment arrives-tu à accorder un centime de crédibilité à un frère qui a étudié à Fribourg-la-bilingue, qui a écrit pour cité-libre-la-gau-gauche-méprisante, qui a été rédacteur en chef de laPresse-la-soumise et qui a reçu un appui de l’anticlérical cardinal Léger, ce sulpicien qui a préparé la césarienne afin que naisse Vatican II ?

Note bien que je t’écris dans un français classique [i] par respect pour toé mon cher admirateur du frère Untel, alias Desbiens qui aurait bien pu se nommer Desmals[ii]. Comme tu l’as si bien dit, le français parlé comporte « plusieurs éléments de familiarité qui pourraient la protéger de l’influence étrangère, donc américaine, profondément « libérale » » et ainsi de suite. C’est pourquoi je te propose, via notre correspondance, de fabriquer un langage composé de nos familiarités respectives que seuls toé pis moé comprendrons sans que ça ne tombe dans la vulgarité bien sûr cher admirateur du frère Untel. Une fois peaufiné, on pourra en faire une arme de défense de la culture canadienne-française. 

Et puis, bien sûr que j’aimerais te rencontrer, mais à une partie de Hockey. Les deux billets dans les rouges sont à peu près tout ce que j’ai dans la vie. S’il y a bien quelque chose que toé et moé aimons, dans mon cas, bien au-delà de Dieu, c’est bien le hockey. Joignons l’utile à l’agréable et joins-moé à la prochaine partie des Habs, ce samedi soir, un peu avant le début de la partie à 19 heures.

Il se peut que mon niveau de langage rendu là ne soit pas la hauteur de Votre Majesté, en espérant que tu sauras t’en accommoder. 

Bien à toé,

 

Le Québécois

Suite si Dieu le veut.

 

[i] Sait-il seulement ce qu’est « un français classique » ?

[ii] Le vrai nom du frère untel était Jean-Paul Desbiens. 

Lisez les premiers épisodes : 

Feuilleton : correspondance entre un québécois et un canadien-français (1ere partie)

Feuilleton : correspondance entre un québécois et un canadien-français (2eme partie)

Commentaires   

 
0 #1 Juriste-curé 04-01-2016 14:20
La 4e partie, la réponse du Canadien-frança is bouclera la boucle de la correspondance. Telle une fin de saison de télésérie, il s'agit de celle à ne manquer sous aucun
prétexte.

La 5e décrira le début de leur rencontre.
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