dimanche, 07 avril 2019 11:20

La nazification, une forme de racisme

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Ça nazifie à qui mieux mieux ces temps-ci au Québec.

Il y a eu le commentateur Luc Lavoie qui, en dénonçant le projet de loi 21 sur la laïcité de l’État, a comparé François Legault à Hitler.

Cela a inspiré certains chauffeurs de taxi en guerre contre le gouvernement. Hicham Berouel, sur sa page Facebook, a écrit : « Cette comparaison [Legault et Hitler] nous a touchés au plus profond de nous. » Logique dans sa bêtise, il a demandé à ses collègues de porter l’étoile jaune, à l’instar des juifs sous le troisième Reich ! Sans surprise, il a dû retirer sa publication.

Hier, c’était au tour du maire de Hampstead, le Dr William Steinberg, de délirer dans le même registre : « C’est du nettoyage ethnique, non pas avec une arme, mais avec une loi », a-t-il dit du projet de loi 21.

Ces rapprochements excessifs sont profondément insultants pour ceux qui ont vécu les atrocités de la Shoah ou des guerres balkaniques des années 1990.

Le président de la congrégation Beth Israël Ohev Sholem, David Weiser, rapportait Le Soleil lundi, a dénoncé Lavoie et ses émules : « C’est horrifiant d’utiliser l’Holocauste de cette façon, avec autant de légèreté. C’est dangereux de faire ces comparaisons. »

Malaise profond

Mais comment expliquer ces dérapages rhétoriques ?

1) Le reductio ad Hitlerum, cet argument paresseux visant à disqualifier un adversaire idéologique en le comparant au führer ou à ses ouailles, fait florès à notre époque.

Nos débats à l’ère du numérique sont soumis entre autres à la célèbre (bien qu’imaginaire et ironique) loi de Godwin : « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1. »

2) Certes, le projet de loi 21 provoque un « malaise » profond, qui doit être expliqué, comme le notait la chroniqueuse Nathalie Elgrably-Lévy, hier dans nos pages.

Pourquoi un tel malaise ? Entre autres l’impression qu’on touche à des droits fondamentaux. En Amérique du Nord, le rapport à la religion est maintenant totalement déterminé par la manière dont les Américains l’ont aménagé.

L’éléphant avec qui nous partageons le continent est un pays fondé précisément par des gens qui avaient subi l’oppression religieuse et qui voulaient créer un nouveau monde où toutes les religions se toléreraient. La religiosité est encouragée et les politiciens y ponctuent tous leurs discours avec un « God Bless America ».

Le rapport à la religion des Québécois est très différent. Davantage français, européen ; comme dans toutes ces contrées où l’Église catholique a, à une époque, régné sans partage et où les citoyens ont décidé à un moment de s’en libérer. La Cour européenne des droits de l’homme considère par exemple plusieurs interdictions de port de signes religieux comme étant acceptables dans une démocratie.

Le Québec est vraiment une société distincte à cet égard sur ce continent. D’où l’appui pour cette loi chez une grande partie de ses citoyens ; une loi qui touche toutes les religions.

3) Ne saisissant pas cette différence — ou préférant ne pas la voir —, les médias anglophones sont implacables dans leurs dénonciations.

Des talibans

En plus, au Canada anglais, lorsque survient ce type d’événement, on semble aimer en profiter pour nazifier le Québec. Pendant huit ans, j’ai signé la revue de presse du ROC dans Le Devoir. Le reductio ad Hitlerum à l’égard du gouvernement québécois, c’était courant, dès qu’il était question de nationalisme.

En 2010, le Globe and Mail avait dénoncé un projet de loi libéral sur le visage à découvert en comparant le gouvernement du Québec à celui des talibans !

L’antiraciste qui réduit le Québec à un enfer nazi croit faire un carton facile : d’abord, il s’élève en donnant l’impression qu’il sait, lui, où se trouve le mal absolu.

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