vendredi, 25 janvier 2019 12:58

Le dilemme du bilinguisme et de la francisation des immigrants

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Parmi les coupables nommés, l’on trouve d’abord le laxisme de l’État québécois en matière de bilinguisme institutionnel et de prestation (bilingue) de services. Michel David et Robert Dutrisac citent, à titre d’exemple, les quelque 400 000 abonnés d’Hydro-Québec qui reçoivent leur compte en anglais. Le message est clair : ceci n’est pas acceptable dans un État dont la langue officielle est le français. Et cela envoie le mauvais message aux immigrants : il est possible de vivre à Montréal sans parler français ; tous les services publics sont offerts en anglais. L’autre coupable serait notre appartenance au Canada. Ici, je ne peux mieux faire que citer Michel David : « Il est clair que l’appartenance à une fédération dont le gouvernement met tout son poids dans la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme sera toujours un obstacle à l’épanouissement d’une société française » (Le Devoir, 20 décembre 2018).

Mais cogner sur l’État québécois qui ose donner des services en anglais et sur le Canada bilingue et multiculturel est trop facile. Cela nous évite de regarder ce qu’on préfère ne pas voir : la présence d’une population anglophone avec des droits. Le droit de cité de l’anglais au Québec est une question de démographie et de droits. Sans minorité anglophone, le problème de la francisation des nouveaux venus ne se poserait pas. L’argumentaire du Québec laxiste et du Canada anglicisant ne marche plus dès que nous nous transportons à quelques kilomètres à l’est de Montréal, disons à Drummondville ou à Québec. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de résidents (récemment arrivés ou non) qui y demandent des services publics en anglais ; je ne pense pas que beaucoup d’immigrants arrivés à Drummondville finissent par s’angliciser. Eux et (surtout) leurs enfants vont se franciser. Le bilinguisme officiel du Canada fédéral n’y fait pas obstacle, pas plus que le bilinguisme de facto de l’État québécois.

Le cas de Montréal

La situation est tout autre dans la grande région de Montréal. La population anglophone, la pluralité et même la majorité dans certains quartiers, a non seulement le droit de demander des services publics en anglais, mais leur présence (entre autres, comme consommateurs) fait que l’anglais s’utilise régulièrement dans la vie quotidienne, langue qu’ils ont pleinement le droit d’utiliser en public.

Le petit commerçant coréen, iranien ou autre sait, s’il veut rester en affaires, qu’il doit pouvoir servir sa clientèle dans les deux langues. La présence anglophone s’exprime aussi dans des établissements anglophones : écoles, hôpitaux, cégeps, universités… où l’anglais sera le plus souvent la principale langue de travail. Bref, veut, veut pas, l’immigrant débarqué à Montréal arrive dans un environnement où — il le voit très bien — l’anglais s’emploie quotidiennement et où la connaissance de la langue de Shakespeare est souvent une condition d’emploi ; même si le français est la langue dominante.

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