jeudi, 18 fevrier 2016 14:03

Choix d'une cible pour la bombe nucléaire de 1945 - Nagazaki , la ville à raser car catholique ?

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Choix d'une cible pour la bombe nucléaire de 1945 - Nagazaki , la ville à raser car catholique ?Le président américain Truman, franc-maçon et grand maître de la loge du Missouri, a choisi la ville de Nagasaki pour le largage de la bombe atomique "fat man".

Après avoir été bénit par le chapelain de la base de Tinian dans les Mariannes, l'équipage du bombardier B-29 avec à bord "Fat Man", la seconde bombe atomique, prit la direction de Kyushu. La cible était la ville industrielle de Kokura, au nord de l'île. Vers 10 h 30 du matin, le 9 août, ses habitants entendirent, anxieux, les vrombissements des moteurs de l'appareil sans le voir. Le bombardier survola trois fois la ville, mais rien ne se produisit : les nuages qui obstruaient le ciel sauvèrent Kokura.

Le pilote, le major Charles Sweeney, qui ne pouvait localiser la cible, décida de se diriger vers le second objectif : Nagasaki. Mais là aussi le temps était couvert. L'appareil, qui avait un problème d'alimentation, n'avait plus beaucoup de réserves. "Il vaut mieux lancer la bombe plutôt que de la jeter en mer" , était en train de dire le major à son coéquipier lorsque, soudain, la ville apparut entre les nuages : "Ça y est, je l'ai !" "Fat Man" fut larguée. Quelques secondes plus tard, l'avion fut pris dans de fortes turbulences provoquées par la déflagration. "Bon, il y a des milliers de Japs en moins !" , lança Charles Sweeney, cité par Frank Chinnock dans Nagasaki : The Forgotten Bomb (Allen and Unwin).

"Fat Man" explosa à la verticale du quartier périphérique d'Urakami, où se trouvait la plus grande cathédrale d'Asie du Nord-Est. Des fidèles étaient en prière, célébrant une foi pour laquelle deux siècles et demi auparavant leurs aïeux avaient été persécutés. Dans sa prière, le chapelain de la base de Tinian n'avait pas évoqué le sort de ceux qui allaient mourir : la moitié de la communauté catholique de Nagasaki (14 000 personnes en août 1945) fut tuée sur le coup ­ avec 60 000 autres personnes.

A l'extérieur de la cathédrale, reconstruite, des statues qui ont résisté à la déflagration portent sur le visage des dégoulinades noirâtres de la pluie radioactive. Sur l'herbe gisent des têtes d'anges décapités par une "fin du monde" qui ne fut pas le fruit de la colère de Dieu mais d'une décision d'hommes qui invoquaient le Bien. "Nous remercions Dieu de nous avoir donné cette arme et nous prions pour qu'il nous guide dans son usage" , avait déclaré le président Harry Truman en annonçant, deux jours auparavant, le bombardement d'Hiroshima.

"Plus jamais d'Hiroshima" , dit-on. Et plus rarement "Plus jamais de Nagasaki" . Nagasaki n'a pas acquis la même identité symbolique de ville atomisée qu'Hiroshima. Elle fait partie des "oubliés" de l'holocauste nucléaire. Peut-être parce que la ville la plus catholique du Japon semble entretenir une mémoire apaisée à son holocauste, à l'image de sa plus célèbre victime, le docteur Takashi Nagai, qui, atteint de leucémie, mourut en 1951 après avoir témoigné de son expérience de la douleur et s'être interrogé sur la signification de la catastrophe, en laquelle il voyait un parallèle avec le martyre des chrétiens. Sa petite maison, non loin de la cathédrale, est devenue un discret musée.

"Hiroshima est habité par le ressentiment. Nagasaki prie."  Ce qui n'est qu'à moitié vrai. La sérénité résignée du docteur Nagai n'est pas partagée par tous : Nagasaki peut aussi être plus radicale dans sa condamnation de l'acte d'inhumanité dont elle fut victime. Elle dénonça avant Hiroshima l'oubli par l'Etat japonais des victimes coréennes des bombardements. Et, à la fin des années 1980, son maire, Hitoshi Motoshima, un catholique, mit en cause la responsabilité de l'empereur Showa (Hirohito) dans le drame des deux villes atomisées.

Ce qui lui valut d'être grièvement blessé par balle par un membre de l'extrême droite. "Nous devons regarder lucidement ce que fait le pays qui lança la bombe atomique contre nous et les conséquences de notre alliance militaire avec lui" , estime Hirotami Yamada, secrétaire général du Conseil des victimes de la bombe A de Nagasaki.

"Si ce n'est pas pour dire jusqu'à notre dernier souffle l'atrocité de la guerre, pourquoi avoir survécu si longtemps ?" , interroge cette vieille dame à la sortie de la cathédrale de Nagasaki, la tête recouverte d'une mantille ­ les catholiques japonais sont très traditionalistes. Adolescente, elle dut pendant d'interminables mois rester allongée sur le ventre en raison des brûlures qui couvraient son dos. "Citer mon nom ? Pensez-vous que ce soit vraiment utile ? Ecrivez simplement "une atomisée" : nous pouvons tous dire la même chose."

Source : lemonde.fr

 

Commentaires   

 
0 #1 Mathieu Plourde Turcotte 19-02-2016 00:07
Je vais me coucher moins niaiseux ce soir.
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