jeudi, 13 septembre 2018 17:30

L'Occident «fait joujou avec le terrorisme»

Evaluez cet article
(0 vote)

L'Occident «fait joujou avec le terrorisme»

Baroudeur stoïcien, on ne présente plus Gérard Chaliand. Il a tout vécu ou presque, il est allé partout, écrit une cinquantaine d’ouvrages. L’homme semble toujours, à 84 ans, plein de vie, sportif et avide de savoir. Ce qui l’anime, c’est le conflit et son analyse. Portrait de «l’Arpenteur des guerres».

Tutoiement direct, le verbe alerte, le loup de mer réfugié dans sa tanière parisienne a encore de beaux jours devant lui. Armes et livres pour seule décoration, le personnage entre difficilement dans une case: grand voyageur, spécialiste des conflits irréguliers, poète, tiers-mondiste. Timide devant celui dont j'admirais à l'université les positions et tribunes, me voici enfin face à Gérard, chez lui. Après avoir parcouru le monde entier, suivi les guérilleros algériens et vietnamiens, il pose un regard acéré sur la société occidentale.

Suite aux tragiques attentats islamistes en 2015, François Hollande le martelait d'un air qu'il voulait martial: «la France est en guerre». Gérard Chaliand ne semble pas de cet avis et il me le fait savoir cash:

«On n'est pas en guerre, c'est absurde, nous ne faisons que subir les quelques dégâts collatéraux d'un conflit entre l'islamisme et le reste, nos médias sont très largement responsables de la psychose qui règne dans les pays occidentaux. Finalement, nous sommes encore une société du spectacle qui fait joujou avec le terrorisme.»

Oui, mais c'est quoi, une guerre, déjà? Le spécialiste des conflits irréguliers, comme il aime à se présenter parfois, hausse la voix et balaie les imprécations de l'ancien président du Conseil général de Corrèze:

«Si l'on est en guerre, il y a une censure de guerre. Donc on dit à ce moment-là, ça suffit la télé, on ne fait plus joujou. Nous ne sommes pas qu'une société du spectacle, vous annoncez ce qu'il s'est passé et vous dites le nombre de morts et vous fermez votre gueule!»

Il y a peu, nous commémorions les dix ans de l'embuscade d'Uzbeen, Afghanistan, où dix soldats français mourraient sous les balles des talibans, ce qui a été vécu comme une tragédie en France: Nicolas Sarkozy se rendit même sur les lieux. Devenant un problème politique et social, l'attachement à la vie de chaque soldat modifie radicalement la manière de faire la guerre en Occident:

«L'opinion publique n'encaisse plus ce genre de pertes […] On ne peut plus faire les guerres comme autrefois, d'abord parce qu'on ne veut pas perdre d'hommes […] il y a une sensiblerie très différente.»

De ses débuts au FLN à ses cours de science politique dispensés actuellement au Kurdistan irakien en passant par le nord-Vietnam, Chaliand n'est pas homme à regretter. Tout jeune, pour assouvir sa passion, il n'a rien trouvé de mieux pour s'aguerrir que les guerres de décolonisation, dès les années 1950. Il s'engage progressivement à la gauche de la gauche anticolonialiste, révolté par la torture commise par l'armée française:

 

Lire la suite sur Sputnik News

Visionnez...

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir