Cette mesure exceptionnelle est censée pallier au manque d’enthousiasme constaté lors des derniers efforts de recrutement de l’armée ukrainienne. Le nouvel article de loi stipule que les officiers "ont le droit d'utiliser personnellement la force physique, de moyens spéciaux et des armes lorsqu’en situation de combat" contre les soldats qui ont commis "des actes criminels."

Sont criminels la désobéissance, la résistance ou la menace d'utiliser de la force contre le commandant ainsi que l'abandon volontaire des positions militaires et certains endroits occupés par des unités militaires dans les zones de missions de combat. Une note explicative au document dit qu’il y a actuellement des violations massives en matière de discipline militaire, en particulier la désertion, l’excès de consommation d’alcool et le refus d’exécuter les ordres.

Fin janvier, une nouvelle vague de conscription militaire est entrée en vigueur, c’est la quatrième vague de mobilisation depuis que Kiev a lancé une opération militaire contre les milices dans l’est de l’Ukraine en avril 2014. Les 100,000 personnes attendues n’étant pas au rendez-vous, le conseiller du président  Iouri Biryukov a dû constater que 7,500 Ukrainiens faisaient face à des accusations criminelles pour s’être évadés du service militaire.

Les statistiques citées par Biryukov montrent que la désertion est avant tout un problème en Ukraine occidental – traditionnellement vu comme un foyer de sentiment antirusse. Le président ukrainien Petro Poroshenko a poussé le projet plus loin en signant un décret sur des mesures supplémentaires : une disposition importante est la restriction temporaire de quitter le pays pour les hommes éligibles au service militaire.

Seulement 226 votes étaient nécessaires pour adopter la loi ; le projet a été voté ce jeudi avec 260 députés en faveur.

Kiev a commencé son assaut militaire sur les régions de Donetsk et de Lougansk dans l’est de l'Ukraine en Avril 2014 après avoir refusé de reconnaître les nouvelles les autorités putschistes du pays. Après une période de calme et dans l’espérance que les négociations menées à Minsk en Septembre 2014 porteraient fruit, Kiev a lancé un nouvel assaut le 18 janvier 2015. Depuis lors, l’est de l'Ukraine souffre des bombardements constants. Parmi les derniers incidents, un hôpital de Donetsk a été frappé mercredi  4 février. Les autorités locales ont déclaré que plus de 15 personnes sont présumées mortes dans l'attaque. Selon les estimations de l'ONU, plus de 5000 personnes sont mortes depuis le début du conflit.

Note : Verkhovna Rada -  le parlement ukrainien