Mike Deschamps
Après des semaines d’inondations dans des dizaines de municipalités, le temps est au bilan.
La première chose que nous pouvons noter c’est que la plupart des mairies ne disposaient pas d'un plan d’urgence. Certains maires ont même avoué ne pas être au courant des procédures. Les sinistrés ont pu découvrir le manque d’organisation, contraints qu'ils furent à remplir des sacs de sable eux-mêmes.
Ensuite, Québec allait-elle recevoir une facture pour le déplacement des militaires canadiens ? Sur ce point, la confusion avait été entretenue par le gouvernement fédéral incarné par le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Ralph Goodale. [i] On comprend bien que l’aide aux sinistrés québécois ne constitue pas une affaire rentable pour l’armée quoiqu’il s’agisse au fond d’aider des payeurs de taxes. L’armée canadienne qui se bat pour des intérêts autrement plus prestigieux d’habitude ne refilera pas sa facture à Québec selon une décision de Justine Trudeau. [ii]
Nous poursuivrons en constatant que la liberté des individus est menacée dès qu’une catastrophe survient dans notre belle démocratie marchande. En effet, des citoyens de Rigaud [iii] se sont vu menacés d’une amende de 1000 à 5000$ s’ils retournaient sur les lieux du sinistre ou s’ils refusaient d’évacuer leurs propriétés. Consternation parmi les sinistrés : leur liberté serait-elle limitée en réalité ? D'aucuns ont beau évoquer le danger du personnel d’évacuation pour justifier de telles mesures, la réalité est frappante. On aurait très bien pu faire signer une décharge pour ceux qui voulaient rester dans leurs propriétés mais la démocratie marchande l’a vu d’un autre œil. Certains citoyens comme Stéphane Caron [iv] ont dû quitter leurs résidences sous la contrainte de onze policiers. D’autres ont été abusivement mis en état d'arrestation. C’est donc au nom de la loi sur la sécurité civile, une loi censée protéger les personnes et les biens, que l’État se permet d’empiéter sur la vie privée des gens.
Imaginons un scénario à la Hollywood : un effondrement économique paralyse le pays. Les infrastructures se fragilisent, ça et là surviennent des explosions. Une pandémie fait rage au sein de la population. Si l’armée et la police décident d’embarquer des civils et d’interner les récalcitrants dans des camps, ils pourront le faire grâce à la loi sur la sécurité civile. Qu’on ne s’y trompe pas, cette loi protège l’État et non les civils.
Pour finir sur un quatrième point plus positif, notons la solidarité des Québécois, nombreux à prêter main forte aux sinistrés. Le Bonnet des Patriotes a appelé diverses municipalités pour proposer de l’aide. On nous avait assuré que suffisamment de personnes s'étaient portées volontaires au moment des inondations et qu’il faudrait rappeler pour le nettoyage.
Ayons donc une pensée pour les sinistrés et retroussons nos manches pour le grand nettoyage…
[iv] http://www.journaldemontreal.com/2017/05/08/un-citoyen-de-rigaud-est-en-colere-contre-le-maire
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