26.11.2016 - Les leçons de la lutte des travailleurs canadiens de l'automobile

Grâce à un vote serré en faveur du contrat de quatre ans à Ford Canada plus tôt ce mois-ci, Unifor a réussi à imposer une entente remplie de reculs aux quelque 23.000 travailleurs canadiens des trois grands constructeurs de l'automobile de Detroit, malgré une forte opposition parmi les membres de la base.

Avec les nouveaux contrats, le système de salaires à deux paliers est solidifié. Ils éliminent toute forme de retraites garanties pour les nouveaux employés - une concession qu'Unifor a elle-même condamnée pas plus tard que l'an dernier pour ouvrir la voie à un assaut généralisé sur tous les régimes à prestations déterminées à travers le pays. Les travailleurs plus âgés, après une décennie sans véritable augmentation de salaire, verront leurs salaires augmenter d'un dérisoire quatre pour cent pour la durée de l'entente.

Un nombre record de travailleurs a rejeté l'entente qu'Unifor a proclamée comme une «grande victoire». Mais à travers un mélange de chantage et d'intimidation – des menaces de pertes d'emploi massives et une prime à la signature de 6000 dollars dans le but de persuader les travailleurs en difficulté financière – le syndicat a réussi à imposer des ententes chez GM, Fiat-Chrysler et Ford.

L'argument principal du président d'Unifor, Jerry Dias, pour justifier les ententes était qu'elles garantissaient des emplois dans l'automobile, parce que le syndicat a «gagné» une garantie de la part des constructeurs d'automobile qu'ils investiraient 1,5 milliard $ dans de nouvelles opérations au Canada.

C'est un mensonge. La vaste majorité des investissements promis par les trois grands de Detroit sont conditionnels à un important appui financier du gouvernement fédéral et du gouvernement libéral d'Ontario. Ces cadeaux aux entreprises seront ensuite liés à encore plus de concessions des travailleurs de l'auto ou à davantage de coupes dans les dépenses sociales contre la classe ouvrière dans son ensemble.

De plus, tous les investissements sont dépendants des «conditions du marché». Celles-ci sont déjà en pleine fluctuation suite à l'élection de Donald Trump à la présidence américaine, en raison de sa menace d'abroger l'ALÉNA et sa promesse de récompenser la grande entreprise en réduisant massivement les impôts des sociétés.

Les «conditions du marché» comprennent également le maintien de la valeur faible du dollar canadien, un objectif ouvertement appuyé par Dias, dans le but d'assurer la «compétitivité mondiale» des coûts de production pour les géants de l'auto. Qu'importe si pour les travailleurs la dépréciation du dollar se traduit en une hausse du prix des aliments ou d'autres coûts, c'est-à-dire une baisse de salaire!

La trahison des luttes contre les trois constructeurs de l'automobile par les dirigeants d'Unifor prend place après des décennies durant lesquelles le syndicat et son prédécesseur, les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA-CAW), ont imposé une série de reculs après l'autre et ont consenti à des suppressions d'emplois en masse. Ceci démontre une fois de plus qu'Unifor n'est en aucune façon une organisation de travailleurs cherchant à améliorer le sort de ses membres. Plutôt, le syndicat fonctionne de plus en plus ouvertement comme une agence de placement offrant ses services à Ford, Fiat-Chrysler et GM afin de contrôler une main-d'oeuvre de plus en plus hostile et de bloquer toute opposition significative, y compris les grèves, et d'imposer à toute vapeur des reculs sous prétexte de «demeurer compétitif» et de «sauver des emplois».

Dias et ses alliés dans la bureaucratie syndicale l'ont démontré par leurs relations cordiales avec le gouvernement libéral de la grande entreprise de Justin Trudeau. Unifor avait accueilli Trudeau en héros lors sa dernière convention nationale à la veille de la lutte pour le renouvellement des conventions collectives. Durant les négociations, Dias a profité de chaque occasion pour louanger les libéraux qui, selon lui, avaient une «stratégie pour l'automobile» contrairement au gouvernement conservateur précédent. La réalité, cependant, est que cette «stratégie» libérale est de faire de l'industrie de l'auto, comme tous les autres secteurs de l'économie, une source de profits pour les investisseurs en attaquant les conditions de vie et en éliminant les droits des travailleurs.

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