24.09.2016 - « Camarades Gabonais, M. Sarkozy a raison : n’attendez rien de la France, retournez au pays ! »

« Ici c’est la France, c’est pas le Gabon. Si vous voulez retourner au Gabon, allez-y ! » C’est par cette réplique toute sarkozyenne que l’ancien président français a répondu, mercredi 21 septembre, à un groupe de jeunes Gabonais venus perturber, aux cris de « Sarko, viens chercher Ali ! », un meeting de campagne du candidat des primaires de la droite qui se déroulait à Marcq-en-Barœul (Nord).

En 2009, Nicolas Sarkozy avait été le premier dirigeant occidental à reconnaître les résultats d’un scrutin pourtant contesté, et le premier à féliciter le vainqueur officiel, Ali Bongo, après les dirigeants libyen, camerounais et marocain.

Le moins que l’on puisse dire de cette poignée d’opposants gabonais est qu’ils sont bien « entrés dans l’Histoire », faisant écho à l’un des points les plus insultants pour les Africains du discours de Dakar de M. Sarkozy en 2007. Ils ont aussi certainement encore en mémoire cette réflexion exquise d’Omar Bongo : « Le Gabon sans la France, c’est comme une voiture sans chauffeur ; la France sans le Gabon, c’est une voiture sans carburant. »

Evidemment, cette présence gabonaise un peu bruyante à Marcq-en-Barœul n’était pas du goût des partisans de Nicolas Sarkozy, lesquels ont ponctué la délicatesse de leur idole « d’applaudissements nourris ». C’est que, les pauvres, eux ne sont malheureusement pas entrés dans l’Histoire françafricaine !

« J’ai pensé à de Gaulle, et j’ai eu honte »

Car leur champion a soigneusement omis de leur dire que les Gabonais présents à ce meeting n’étaient pas des trouble-fête, mais des financiers historiques de la démocratie française. Et que, à ce titre, ils méritaient un accueil d’une autre nature ! Souvenez-vous du récit fracassant de l’avocat français Robert Bourgi dans Le Journal du dimanche, en septembre 2011, intitulé « J’ai vu Chirac et Villepin compter les billets ». Celui que l’on considère comme l’héritier spirituel de Jacques Foccart, fondateur de la Françafrique, raconte les valises de billets remises à Jacques Chirac par des présidents africains, en particulier Omar Bongo et notamment pour la campagne de 2002.

« Lors des grandes remises de fonds, j’étais attendu comme le Père Noël. En général, un déjeuner était organisé avec Jacques Chirac pour le donateur africain, et ensuite, la remise de fonds avait lieu dans le bureau du secrétaire général
[Dominique de Villepin]. Une fois, j’étais en retard. [Omar] Bongo, qui m’appelait fiston et que j’appelais papa, m’avait demandé de passer à 14 h 45 (…). J’avais un gros sac de sport contenant l’argent et qui me faisait mal au dos tellement il était lourd. Bongo et Chirac étaient confortablement assis (…). Je les ai salués, et je suis allé placer le sac derrière le canapé. Tout le monde savait ce qu’il contenait. Ce jour-là, j’ai pensé au Général [de Gaulle], et j’ai eu honte. »

Mais il n’y a pas que les millions de dollars pour le RPR, puis l’UMP. Il y a aussi le pilotage, à Paris, de la politique gabonaise. A l’attention des « sarkozystes » de Marcq-en-Barœul, voici comment Jacques Foccart relate, dans ses Mémoires, un entretien avec Omar Bongo au cours d’une des visites de celui-ci à Paris, en 1968 : « Bongo vient comme prévu à 10 h 30 et il ne part que vers 18 heures. C’est dire que nous avons de très longues conversations, qui manifestement sont essentielles, car nous avons pu mettre au point beaucoup de choses sur la politique que le Gabon doit suivre. »


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