17.09.2016 - L'acétaminophène, principale cause de lésions au foie au Canada

Des médecins estiment que les nouvelles règles d'étiquetage de Santé Canada concernant l'acétaminophène ne sont pas assez strictes et que les produits extra forts devraient être retirés des étagères.

L'acétaminophène est l'un des médicaments les plus populaires au Canada et ailleurs dans le monde pour soulager la douleur et la fièvre. Cette substance n'est pas dangereuse lorsqu'elle est utilisée correctement, mais elle a le potentiel de l'être, surtout si elle est absorbée sur une longue période.

« C'est la principale cause de lésions au foie, point à la ligne », affirme le Dr Michael Rieder, un pharmacologue clinique spécialisé en pédiatrie à l'université Western de London, en Ontario.

Une partie du problème réside dans le fait que ce médicament est très répandu : l'acétaminophène se retrouve dans le Tylenol et plus de 400 autres produits distribués partout au Canada, incluant des remèdes contre le rhume et la toux ou pour mieux dormir la nuit, comme NyQuil et Sinutab.

« Il fut une époque où l'acétaminophène ne se vendait qu'en comprimé », se rappelle le Dr Rieder. Maintenant, on le retrouve dans toute une variété de produits et « on n'en a pas toujours conscience, à moins de lire la liste d'ingrédient ».

Une substance à utiliser avec modération

Les médecins et les pharmaciens prescrivent l'acétaminophène pour guérir des douleurs mineures, des maux de tête, de dents, des entorses, des foulures, des crampes menstruelles...

Mais trop d'acétaminophène peut endommager le foie.

Chaque année, Santé Canada recense 4500 hospitalisations causées par une surdose d'acétaminophène; environ 16 % d'entre elles sont accidentelles.

Les symptômes dépendent de la quantité d'acétaminophène dans le sang. Si certains malades ne s'en rendent même pas compte, d'autres peuvent souffrir de vomissements, de douleurs abdominales, d'insuffisance hépatique ou en mourir, dans le pire des cas.

Ces surdoses sont une des raisons qui ont poussé Santé Canada à imposer des règles plus strictes concernant l'étiquetage de l'acétaminophène.

« Le défi, pour nous, pour les cliniciens, pour les patients et pour tous ceux qui utilisent ce médicament, c'est d'apprendre à gérer et à équilibrer les bénéfices et les risques de ce produit », explique la Dre Supriya Sharma, conseillère médicale principale à la Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada.

Michael Rieder qualifie Santé Canada de « régulateur responsable » pour avoir imposé ces nouvelles règles d'étiquetage. Mais préférerait que les consommateurs ne puissent acheter que des comprimés d'acétaminophène de force régulière.

En tant que spécialiste du foie à l'hôpital général de Vancouver, le Dr Eric Yoshida voit régulièrement des patients souffrant de graves lésions au foie provoquées par des surdoses accidentelles d'acétaminophène.

« Je suis sur appel pour le programme de transplantation de foie dans cette province. J'ai reçu un appel d'un autre hôpital il y a à peine deux jours pour quelqu'un qui était un gros consommateur d'alcool, qui prenait du Tylenol et qui souffre maintenant d'une grave lésion au foie. On m'appelait dans le but d'évaluer s'il devait subir une transplantation », raconte-t-il.

Ce patient a de bonnes chances de guérir, mais ce genre de cas est devenu fréquent, constate le Dr Yoshida.

 

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