06.09.2016 - Encore un carnage au programme ?

Le 9 aout 2016, Radio-Canada International nous apprenait que le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, était en Afrique afin d’y préparer le déploiement d’une nouvelle « force d’intervention militaire humanitaire canadienne ». Il était accompagné de deux personnages bien connus, Roméo Dallaire et Louise Arbour. Or, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au fil du temps, les activités prétendument humanitaires des Forces armées canadiennes et des Casques bleus ont donné des résultats peu convaincants.

Dallaire, Arbour et Kagame

En mars 1993, des soldats canadiens dépêchés en Somalie pour y « maintenir la paix » battent à mort un Somalien de 16 ans. Ce drame n’est pas le seul à être imputé aux soldats canadiens en Somalie, qui ont tué d’autres civils somaliens et torturé des prisonniers, notamment des enfants âgés de 9 à 13 ans, qu’ils ont attachés les mains dans le dos et laissés en plein soleil. Des soldats, des sous-officiers et des officiers subalternes doivent porter la responsabilité de l’affaire, tandis que les hauts gradés, comme l’ancien chef d’état-major John de Chastelain, s’en tirent indemnes parce que la commission Létourneau ne peut pas terminer son enquête. Elle remet néanmoins son rapport, intitulé Un héritage déshonoré — Les leçons de l’affaire somalienne. Ce sombre épisode révèle la nature inamicale des interventions « militaires humanitaires » du Canada en Afrique.

En 1994, le général canadien Roméo Dallaire dissimule les préparatifs de guerre du Front patriotique rwandais (FPR), qui refuse de participer au gouvernement de transition prévu dans les accords d’Arusha de 1992 et 1993. Dallaire révèle à des officiers du FPR les cartes d’état-major des forces armées rwandaises, dont il garde les armes sous clé, tandis qu’il laisse le FPR infiltrer à Kigali, capitale du Rwanda, des milliers de combattants et de grandes quantités d’armes, y compris les missiles sol-air qui serviront à abattre l’avion présidentiel le 6 avril 1994. Les faits et gestes de Dallaire au Rwanda, qui tranchent nettement avec ses dires et avec la réputation de héros que les médias lui ont fabriquée au Canada, sont abondamment décrits par Jacques-Roger Booh Booh, dans son livre Le patron de Dallaire parle. En outre, l’histoire des tragiques évènements de 1994 que relatent l’officier de renseignement sénégalais de la MINUAR Amadou Deme ainsi que le commandant du secteur Kigali de la MINUAR, le colonel Luc Marchal, est passablement différente de l’histoire racontée par Dallaire et reprise au grand écran.

L’attentat au missile vraisemblablement commis par le FPR, qui entraine la mort des chefs d’État du Rwanda et du Burundi, amorce ce que certains ont convenu d’appeler le génocide des Tutsis, dogme fondateur officiel du régime actuel de Kigali. Au Rwanda, quiconque remet en question ne serait-ce qu’une partie de ce dogme, même en invoquant des faits indéniables, est immédiatement emprisonné et court aussi le risque d’être exécuté. C’est le cas de l’opposante Victoire Ingabire Umuhoza, incarcérée à Kigali depuis le simulacre de procès que lui a fait subir le FPR.

À l’étranger, ceux qui détiennent de l’information compromettante pour le régime de Kigali et qui, de ce fait, se montrent critiques envers ce régime ou n’adhèrent pas intégralement au dogme du génocide des Tutsis sont systématiquement harcelés et accusés d’être des génocidaires, d’adhérer à des thèses négationnistes ou encore d’attiser la « haine des Tutsis ». Certains sont même assassinés. Ce fut le cas de nombreux anciens membres du FPR partis en exil pour tenter de sauver leur peau, par exemple, Seth Sendashonga etPatrick Karegeya.

Le 7 avril 1994, dix Casques bleus belges se font torturer sous les yeux de Roméo Dallaire, à Kigali. Le bon général fait mine de ne pas les voir et les abandonne à une mort atroce. Il prétextera plus tard qu’il n’y pouvait rien parce qu’en intervenant, il aurait mis en péril le personnel onusien au Rwanda, une explication qui est difficile à avaler.

Pourquoi, par exemple, Dallaire n’a-t-il pas informé immédiatement le colonel Bagosora, avec lequel il tenait une réunion ce jour-là, du massacre des soldats belges qui était en cours et dont il venait d’être témoin ? En sacrifiant ses hommes, cherchait-il à fournir un prétexte à la Belgique pour retirer ses troupes, qui constituaient le principal contingent de la MINUAR ? Le départ des Casques bleus du Rwanda, réclamé ouvertement par Paul Kagame, et non par l’armée gouvernementale rwandaise, supposément génocidaire, a fourni au potentat en devenir la marge de manoeuvre qu’il souhaitait pour achever sa conquête du pays dans un effroyable bain de sang.

Dallaire racontera aussi qu’il avait tenté de prévenir l’ONU de l’imminence du génocide, notamment au moyen d’un fax. Or, ce fax n’a jamais existé, comme l’a démontré Charles Onana dans Les secrets de la justice internationale. Sans la complicité de Roméo Dallaire, le FPR n’aurait pas pu reprendre la guerre qu’il avait déclenchée en 1990, et le génocide n’aurait pas eu lieu.

 

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