29.07.2016 - Pourquoi Erdogan est-il devenu anti-euro-atlantiste ?

Les bombardements aériens russes ont été extrêmement efficaces, car ils avaient planifié de créer des brèches dans les dispositifs des islamistes que les forces syriennes terrestres de l’armée seraient en mesure de développer, pour libérer plus de 50% du territoire occupé par les djihadistes.

La CIA et le Pentagone ont échoué dans la création d’une armée d’opposants pour combattre l’armée arabe syrienne. Par conséquent, contrairement à la Russie, la soi-disant coalition anti-État-islamique dirigée par les États-Unis, après plus de deux ans de bombardements, n’a réalisé aucune destruction significative de l’État islamique parce que, au sol, il n’y avait pas de troupes alliées des États-Unis pour en profiter et exploiter les bombardements.

Cela a conduit, en Janvier 2016, la Maison Blanche à décider de changer de stratégie, en introduisant les Kurdes en tant que forces terrestres dans leur offensive contre l’État islamique. Les États-Unis ont très bien pesé que les conséquences de leur plan stratégique pour vaincre l’État islamique entraînerait automatiquement la création d’un État kurde, garanti par la Maison Blanche. Le Kurdistan serait un territoire d’une superficie de 390 000 km² comprenant une partie de la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran et aurait une population de plus de 30 millions.

Le plan est basé sur un article du lieutenant-colonel Ralph Peters, professeur à l’académie de commandement et d’état-major des États-Unis publié dans l’édition de Juin 2006 du Journal des Forces Armées [[1]]. Soit quatre ans avant la guerre civile en Syrie et huit ans avant l’avènement de l’État islamique en Irak et en Syrie.

Et ici se pose la question de savoir si le conflit en Irak et en Syrie n’avait pas été planifié de longue date par les États-Unis pour redessiner les frontières du Moyen-Orient ? Surtout que ce plan permettrait aux Américains de créer un réseau de gazoducs kurdes ou qataris pour approvisionner l’Europe, en contournant la Turquie par le biais du Kurdistan tout en éjectant l’Iran et la Russie de l’équation.

Seulement la Turquie représente un objectif stratégique par le fait qu’elle est le point de passage du continent européen vers les continents asiatique et africain par les détroits du Bosphore et des Dardanelles, et que les opérations aériennes contre l’État islamique effectuées par les Américains sont menées à partir de la base aérienne turque d’Incirlik. C’est la raison pour laquelle les États-Unis ont besoin de la Turquie et non l’inverse. L’éventualité pour la Turquie de perdre 45% de son territoire a profondément irrité le président Recep Erdogan. Quelles que soient les critiques que l’on peut faire à l’impulsivité de Erdogan, tout lui est pardonné par le peuple turc, par patriotisme. Cela signifie que, tant que Erdogan sera le président de la Turquie, aucun autre coup d’État militaire n’aura de chance de succès.

Cette caractéristique de Erdogan est connue des Américains et, après la mise en œuvre du plan stratégique en Syrie, il semble que la Maison Blanche a préparé un plan de destitution de Erdogan, au cas où ils n’auraient pas réussi à le persuader de démissionner.

 

Lire la suite sur Réseau International

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir