15.07.2016 - Moscou peut-il sauver l’Europe ? Abattre le TTIP devient la tâche géopolitique N° 1 de la Russie

Nous avons besoin de Berlin. Les réactions sur ce point sont un formidable baromètre, alors je vais le répéter encore et encore. La tactique du Kremlin vis-à-vis de l’Europe est simple et claire à tous ceux qui ont maîtrisé l’histoire du 20e siècle.

Nous assistons aujourd’hui à la troisième (!) tentative d’utiliser l’Europe continentale comme un bélier contre la Russie, et Washington espère une fois de plus faire un truc simple, dont l’essentiel se trouve dans ce qui suit: les Russes devraient mourir et un nombre maximum de points, à partir d’un (soi-disant) conflit intereuropéen, serait engrangé par les Américains qui auront réussi à rester sur la touche à travers l’océan et pourront faire des films sur la façon dont ils ont battu tout le monde.

Ceux à qui ce scénario convient peuvent être catalogués soit comme des idiots, soit comme étant sur la liste des mercenaires du Département d’État. Heureusement, cela ne convient pas à tout le monde au Kremlin. La politique cohérente menée par les dirigeants russes, malgré le mécontentement des «schizo-patriotes», donne des résultats visibles qu’une partie importante du public préfère tout simplement ne pas remarquer, car ils ne correspondent pas à leur image du monde ou se rapportent à des choses qui sont ésotériques, de leur point de vue.

Les résultats du travail avec la partie indépendante de l’élite européenne qui n’aime pas la perspective d’un statut colonial fixé pour l’Europe et sa manipulation par les Américains comme un bélier contre la Russie, se manifestent principalement sur le plan le plus important, le plan économique. Il convient de rappeler que le conflit géopolitique principal aujourd’hui n’est pas la Syrie et, moins encore l’Ukraine, mais le conflit autour du traité de partenariat transatlantique (TTIP) que les États-Unis imposent à l’UE. Ce partenariat comprend littéralement des milliers d’éléments décrivant les interactions économiques, techniques, et même juridiques entre les Etats-Unis et l’UE. Il est présenté au public comme une sorte de version améliorée d’une zone de libre-échange, mais en fait un élément clé de l’accord proposé est la liquidation totale de la souveraineté européenne. Sous prétexte de défendre les intérêts des investisseurs institutionnels américains, il est suggéré que les tribunaux d’arbitrage privés devraient avoir le droit de bloquer les lois adoptées par les parlements européens si elles menacent les intérêts des entreprises américaines. Et leurs intérêts sont toujours interprétés de manière très large. En effet, après la signature du TTIP dans sa forme actuelle, l’UE deviendra une colonie des États-Unis avec moins de droits que Costa Rica. Il est évident que les Américains utilisent toutes les méthodes d’influence afin d’obtenir la signature de l’accord le plus tôt possible.

Les fans de la théorie selon laquelle l’Europe est une colonie veule de l’UE ont subi une rupture dans leur mode de pensée, parce que l’UE, représentée par l’Allemagne et la France, a déjà réussi à échapper à la signature du contrat pour deux ans, et toutes les tentatives de forcing par le Parlement européen n’ont abouti à rien, de même que les négociations directes entre les États-Unis et l’UE.

Depuis deux ans déjà avec une régularité remarquable, les experts et les «leaders d’opinion» dans les médias sociaux qui croient en l’omnipotence des États-Unis ont affirmé que le TTIP est inévitable et que, dès qu’Obama l’exigera, il sera signé et l’Europe sera dans l’impasse. De ce point de vue, le fait de placer l’espoir sur la partie indépendante et influente de l’élite européenne, c’est entretenir des rêves irréalistes.

Cependant, le TTIP n’a non seulement pas été signé; il est moribond, surtout depuis que Washington a déjà reconnu publiquement l’existence d’une date butoir: le contrat doit être signé avant la fin du mandat d’Obama  ou sa signature sera reportée sine die pour des raisons politiques objectives.

Les chances américaines ont commencé à fondre immédiatement après que le Parlement européen a adopté une série d’exigences concernant la TTIP, parmi lesquels figuraient la suppression des tribunaux supranationaux et la subordination des entreprises américaines au droit et au système judiciaire européen. Mais maintenant, la partie indépendante de l’élite européenne a décidé de frapper les États-Unis avec un autre coup. Le Premier ministre français Manuel Valls a déclaré que la conclusion de l’accord TTIP entre l’UE et les USA est impossible s’il ne prend pas en compte les intérêts de l’UE. Il a dit:

 

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