11.07.2016 - Cherche-t-on à masquer le déclin des classes moyennes en France ?

Note du Bonnet : la pique contre le gouvernement vichyste tient davantage du point Godwin que du véritable argument. La classe moyenne a-t-elle vraiment commencé à décliner sous Pétain ? N'est-ce-pas plutôt le débarquement du 6 juin (que même de Gaulle refusait de commémorer !) qui a sonné le glas de la France et de son économie mise sous tutelle par l'Amérique ?

Le 26 juin dernier, notre Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiait l’édition 2016 de son rapport annuel sur “Les revenus et le patrimoine des ménages”. Et si cette étude n’est pas franchement positive quant à la situation financière des Français, elle révèle également les dessous d’une manipulation des données propres à orienter l’opinion publique. Une manipulation qui atteint aujourd’hui ses limites et qui pourrait nuire définitivement à la crédibilité des fameux “chiffres officiels”.

Au fil des 176 pages du rapport de l’Insee, on apprend que les inégalités de niveaux de vie ne se sont pas vraiment améliorées en France par rapport à la précédente étude, bien au contraire. Insécurité de l’emploi, effondrement des revenus, augmentation de la pauvreté, stagnation du niveau de vie médian, tous les indicateurs semblent montrer que la population française peine de plus en plus à garder la tête hors de l’eau. Plus grave, car cette information traduit la plus ou moins bonne santé d’une économie, on découvre également que le niveau de vie des classes moyennes est plus bas qu’en 2008-2009, lorsque la crise financière qui a secoué le monde était à son paroxysme.

En clair, la France va mal et… Mais attendez ! C’est étrange, le rapport a beau avoir été daté de juin 2016, tous les chiffres s’arrêtent en 2013. Les évolutions, les progressions statistiques, les comparaisons, les chiffres définitifs… rien n’est plus récent que 2013. Pourtant, en consultant la liste des autres études publiées ce même mois de juin 2016, on constate que nombre d’entre elles s’appuient sur des données beaucoup plus récentes, datant de 2015 par exemple, voire… du mois de mai 2016.

Un problème de date ?

Que peut-on en déduire ? Qu’il faut 3 ans pour faire remonter des chiffres collectés aux quatre coins de la France jusqu’aux bureaux du boulevard Adolphe Pinard, à Paris (siège de l’Insee) ? Qu’il ne se trouve pas d’agents, parmi les 5 868 que compte de cette noble institution, qui sachent utiliser les fonctions de base d’un tableur pour organiser, recouper et exploiter toutes ces données informatiques (oui, car les relevés à la plume d’oie sur de gros registres foliotés deviennent rares, même dans nos campagnes), et tout cela en moins de 3 ans ? Une telle inefficacité serait déjà difficilement tolérée dans n’importe quelle autre entreprise, mais quand on sait l’intérêt de telles informations pour orienter la politique du gouvernement, on se dit que le minimum serait qu’elle soient rendues, au pire, quelques mois après leur collecte, ne serait-ce que pour être réellement exploitables.

Or, ne jetons pas trop vite la pierre sur les agents de l’Insee dont il serait trop facile de brocarder l’apparente lenteur. Pour rappel, l’Insee dépend directement du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie ; il en constitue même une direction générale. On a beau nous faire croire que l’institut bénéficie d’une indépendance la plus totale vis-à-vis du gouvernement, on a du mal à ne pas se méfier d’une administration créée par le gouvernement de Vichy (l’Insee s’appelait alors le Service national des statistiques), dont les directeurs ont presque toujours été des conseillers politiques de premier plan agissant dans l’ombre des grands chefs de partis, et qui s’est déjà fait quelques fois remonter les bretelles par les institutions européennes pour son manque de transparence. Oui, c’est vrai, l’Union européenne n’est pas non plus une référence en la matière, mais c’est dire à quel point le fonctionnement de l’Insee interpelle si même les eurocrates trouvent qu’il y a de l’abus.

Des chiffres qui contredisent les promesses de 2012

Alors, quel rapport avec les récentes statistiques sur le patrimoine et les revenus des Français ? À l’heure où le recensement de la population est devenu annuel, où le marché de l’emploi bénéficie même de rapports trimestriels, on s’étonne que certaines données politiquement “sensibles” mettent 3 ans à être publiées. Lorsque l’on sait que l’Insee est financé sur le budget de l’État pour ses travaux d’intérêt national, on s’étonne un peu moins et on peut comprendre que le rythme des publications suive celui des financements (en fonction de l’intérêt du gouvernement à voir sortir certains chiffres plus ou moins rapidement). En l’occurrence, les chiffres de 2013 montraient que, contrairement aux promesses électorales de 2012, la situation des Français un an après l’arrivée de François Hollande au pouvoir ne s’était guère améliorée, bien au contraire.

 

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