02.06.2016 - La création chinoise d’une bourse pétrolière en yuans en question

Pékin recule quant à son projet d’ouverture d’une bourse pétrolière, pourtant prévue depuis 20 ans. C’est que la Chine ne souhaite pas répondre tout de suite à la guerre financière que lui livrent les États-Unis. Discrètement, le président Xi avance d’autres pions, notamment le développement exponentiel de sa propre production de pétrole.

La guerre multidimensionnelle qui exclut pour le moment la voie militaire directe — les USA contre la Russie et la Chine — a changé de niveau. Washington la livre sur trois fronts, de façon aussi obscène que brutale :
- la guerre énergétique,
- la guerre géo-financière,
- la guerre des devises ;
sans compter encore d’autres opérations en cours, au plan de la cybernétique et de la propagande.

C’est dans ce cadre que s’inscrit une annonce récente, fort timorée : celle de relancer la bourse pétrolière russe de Saint-Pétersbourg, la Spimex, dans le but de briser le suprématisme énergétique anglo-saxon et l’hégémonie du dollar  [1] ; parallèlement, il y a des velléités d’indépendance boursière et de libération énergétique de la part de la Chine.

L’agence Bloomberg News a souligné il y a quelques jours que l’ouverture de la bourse pétrolière chinoise sur la place de Shanghai, où seraient signés les premiers contrats, tarde à se concrétiser, plus de vingt ans après qu’elle ait été annoncée [2].

Le motif allégué, peu crédible, en est la volatilité des marchés, comme si c’était là quelque chose de nouveau, alors que c’est intrinsèque à la création de bulles, propres au marché néo-libéral global, comme vient de l’avouer Jacques de Larosière de Champfeu, ex-directeur exécutif malheureux du FMI, parlant pour la Banque centrale européenne.

Annoncée pour la fin 2015, l’ouverture de cette bourse pétrolière de Shanghai briserait l’arrogance anglo-saxonne qui marchandise le brut à travers le Nymex et l’IPE sur les places respectives de New York et de Londres. Or elle vient d’être reportée à une date indéterminée en 2016.

En 1993, le gouvernement chinois avait introduit un contrat à usage interne pour le brut, mais l’opération fut interrompue un an plus tard lors de « l’évaluation » de son industrie énergétique.

Maintenant, les importations chinoises ont augmenté de façon substantielle : 7,9 millions de barils par jour, soit 8,3 % de plus depuis cinq mois ; et cela est destiné principalement à alimenter les réserves stratégiques chinoises [3].

La Chine d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a vingt ans, quand elle commençait à peine à décoller dans la géo-économie globale ; et elle n’avait pas encore mis en place l’association stratégique avec la Russie, dans la phase capitale de réhabilitation et de restauration relative entreprises par le tsar Vladimir Poutine.

Aujourd’hui, les mousquetaires chinois fort habiles se positionnent comme la première superpuissance géo-économique globale (quant au pouvoir d’achat) et ils ont implanté l’association stratégique nucléaire et gazière avec la Russie pour empêcher l’étranglement humiliant par les US ; la portée véritable de leur accord reste secrète.

Comme une image dans le miroir, les exportations de la Russie vers la Chine ont battu tous leurs records [4], ce qui consolide la complémentarité éventuelle entre les deux projets de nouvelles bourses pétrolières : une bourse russe à Saint-Pétersbourg, la Spimex, et une autre à Shanghai.

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