27.05.2016 - Les banques centrales au service de l’oligarchie financière

Depuis la crise financière de 2008, les différentes banques centrales des grandes zones économiques se sont lancées dans des programmes de rachats d’actifs dans le but de peser à la baisse sur les taux de la dette souveraine, de relancer le crédit à l’économie par un apport de liquidités, et de relancer l’inflation, avec pour la BCE et la FED, un objectif officiel de 2%.

Dans ce but, la FED a initié plusieurs programmes de rachat d’obligations souveraines, les Quantitatives Easing, pour un montant à ce jour de plus de 4000 milliards de dollars. Ces programmes ont permis de faire pression à la baisse sur les taux longs des obligations américaines mais également d’évacuer hors du système financier une partie des créances pourries à l’origine de la crise des « subprimes », qui ont pu être rachetées par la réserve fédérale sur le marché secondaire. Ainsi, le bilan de la FED a gonflé pour atteindre en juin 2015 presque 4500 milliards de dollars, répartis entre 2460 milliards d’emprunts d’état et 1740 milliards de prêts immobiliers hypothécaires, des créances « pourries »[1].

De 3,8% en décembre 2009, les obligations à 10 ans du trésor américain sont passées à un rendement de 2,2% en décembre 2015. Cependant, au niveau du taux de croissance de l’économie, les effets des QE semblent avoir été très limités. Après la récession de 2009, le taux de croissance du PIB américain a été de 3% en 2010, 1,8% en 2011, 2,8% en 2012 et 2,4% en 2014, il peine ainsi à retrouver ses niveaux d’avant crise. Pour mémoire, il était de 2,8% en 2006 et de 3,2% en 2005[2]…

Ainsi, il paraît très difficile d’affirmer que la politique d’assouplissement monétaire destinée à relancer le crédit ait eu une influence sur l’économie réelle telle que mesurée par le taux de croissance du PIB. Un autre indicateur a cependant été mis en avant pour établir le « succès » de cette politique, le taux de chômage. Il a touché un plus bas à 4,9% en janvier 2016 selon les données du BLS alors qu’il dépassait les 10% à l’automne 2009[3]. Cette baisse spectaculaire du taux de chômage officiel a été interprétée comme le résultat de la politique d’assouplissement de la FED destinée à relancer le crédit et l’activité économique. Cependant, comme nous l’avons vu plus haut, en l’absence de véritable reprise économique, cette interprétation semble contrefaite. Ce chiffre officiel est ainsi à mettre en relation avec la baisse continue de la population active aux États-Unis, c’est à dire avec le nombre de personnes participant effectivement au marché de l’emploi. Le taux de la population active, compris avant la crise entre 66 et 67% a ainsi chuté depuis 2008 pour atteindre 62% en 2015, ce qui signifie que des millions d’Américains ont disparus des statistiques car ils n’effectuent plus de démarches positives de recherche d’emploi. Calculé sur la base du taux de population active avant crise, le taux de chômage se monterait ainsi à 10,5 % en 2015[4]. Certains calculs prenant une définition plus large du chômage et incluant les temps partiels subis, à partir d’une heure de travail déclaré par mois, arrivent ainsi à un taux de chômage réel supérieur à 20%[5]. Michael Snyder, arrive à la conclusion statistique que, dans un foyer américain sur cinq, plus personne ne travaille[6].

La population américaine a ainsi connu une paupérisation massive depuis 2008, que l’on peut observer dans le nombre de bénéficiaires du programme fédéral alimentaire, qui se maintient depuis six ans aux dessus des 44 millions de bénéficiaires contre 27 millions avant la crise, comme le montre le graphique ci-dessous.

En conséquence, les revenus et la taille de la classe moyenne ne cessent de diminuer. Cette dernière représentait 54,2% de la population des États-Unis en 1996 contre 50,6% en 2012[7]. Elle captait 48,5 % des revenus en 1996 contre 43,7% aujourd’hui. Le revenu médian au sein de la classe moyenne a baissé de 77.898 dollars en 1999 à 72.919 dollars en 2014…

 

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