02.03.2016 - Randonnée dans l'esprit d'un fédéraliste québécois

Si je vous demandais qui est l'ultime défenseur du fédéralisme canadien au Québec, qui nommeriez-vous?

Pour moi, l'über-fédéraliste sera toujours André Pratte, l'éditorialiste de La Presse. Personne n'a consacré autant de temps et d'énergie à pourfendre le projet souverainiste depuis aussi longtemps que lui. Les politiciens passent, mais Pratte demeure. Sa foi est de béton armé et ses initiatives sont applaudies dans le Canada anglais.

Allons donc jeter un coup d’œil à quelques-uns de ses arguments afin d'en vérifier la validité:


Être fédéraliste, c'est d'abord être convaincu que ce système est la meilleure façon de gouverner les grands ensembles complexes (le Canada, les États-Unis, l'Europe...). 

Les fédéralistes comme M. Pratte aiment bien comparer la fédération canadienne à l'Union européenne afin de démontrer que cette forme de gouvernement est la formule gagnante qui est adoptée dans le reste du monde et qu'elle est la voie de l'avenir.

Le problème avec cet argument, c'est qu'il fait fi de la réalité et de l'histoire de ces "grands ensembles complexes".

L'Union européenne n'a pratiquement rien à voir avec la fédération canadienne. Il s'agit d'une association politico-économique entre pays souverains qui acceptent d'octroyer certains pouvoir à un gouvernement central sans pour autant se défaire de leur souveraineté. Le Québec, lui, n'a jamais été souverain. Ici, c'est donc la dynamique contraire qui s'observe: le gouvernement central accepte d'octroyer certains pouvoirs aux gouvernements provinciaux (et ne se gêne jamais pour s'immiscer en toute impunité dans les compétences dites "provinciales"). Le rapport de force est donc complètement inversé.

De plus, l'Union européenne est une association d'états qui diffèrent beaucoup les uns des autres tant au niveau de la langue, de l'histoire ou de la culture. Ainsi, le peuple français est représenté par l'état français, le peuple polonais est représenté par l'état polonais, le peuple portugais est représenté par l'état portugais, etc. Aucun état membre n'est considéré comme étant intrinsèquement inférieur aux autres.

Au Canada, les dés sont pipés. En effet, NEUF des dix provinces sont majoritairement anglaises et partagent essentiellement la même langue, la même culture, la même histoire et la même identité (à quelques détails près). C'est comme si, en Europe, les Allemands et les Autrichiens possédaient un représentant pour chacune de leurs régions, ce qui leur permettrait de dominer démocratiquement tous les votes au détriment des autres nations qui ne posséderaient qu'un seul représentant par état. L'injustice d'une telle pratique saute aux yeux.

S'il avait suivi le même modèle que l'Union européenne, le Canada aurait pu fonctionner de manière acceptable pour le peuple québécois. En effet, s'il avait été une fédération de deux états: le Canada anglais et le Canada français, chacun possédant un poids politique identique à l'autre, nous nous serions alors retrouvé dans une fédération équitable. Or, ce n'est pas le cas. La comparaison avec l'Union européenne est donc inadéquate et malhonnête.

 

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