01.03.2016 - Israël se salit moins les mains en pratiquant la torture grâce à son sous-traitant, l’Autorité Palestinienne

Lorsqu’éclata la dernière vague de violence en date, je me rendis dans la ville de Al-Bireh, non loin de Ramallah, pour couvrir une manifestation. Durant une des interviews que je réalisai alors, un jeune homme de 20 ans m’expliqua que, comme les autres manifestants, il se dressait contre “le régime”.

Quel régime ?” lui demandai-je alors. “Les deux, c’est la même chose”, s’esclaffa-t-il alors en s’éloignant. Et l’idée que l’Autorité Palestinienne et Israël ne sont qu’une seule et même réalité s’est répétée ensuite dans beaucoup des interviews de militants politiques réalisées en Cisjordanie.

La “coordination sécuritaire” entre Israël et l’Autorité Palestinienne (AP) a été au cœur du débat public à la fois en Israël et en Cisjordanie durant les dernier mois. Il semble qu’il s’agisse-là d’un problème central dans la société palestinienne aujourd’hui, depuis les menaces de Mahmoud Abbas de mettre fin à la “coordination sécuritaire” avec l’armée d’occupation, jusqu’à la prise de position du Shin Bet [1] qui affirme que l’Autorité Palestinienne fait tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin aux troubles en Cisjordanie.

Un récent rapport des ONG israéliennes de défense des droits humains B’Tselem et Hamoked, qui fournit des détails sur les  mauvais traitements et les tortures infligées à des détenus palestiniens dans le centre d’interrogatoires “Shikma” du Shin Bet, nous donne une autre perception de cette “coordination sécuritaire”. Un tiers (39) des détenus palestiniens qui ont été interviewés par les auteurs du rapport ont été arrêtés par les forces de sécurité palestiniennes avant leur détention et leurs interrogatoires par le Shin Bet israélien.

Qui plus est, 36 détenus ont affirmé aux auteurs du rapport que le Shin Bet était en possession des dossiers établis par les forces de sécurité pales­tinien­nes contre eux, dont 22 ont affirmé que les interrogateurs israéliens leur ont explicitement affirmé que l’Autorité Palestinienne leur avait transmis ces dos­siers. Dans certains cas, les enquêteurs israéliens ont même brandi sous le nez des détenus des aveux qu’ils avaient signés pour les forces de l’AP.

Un des détenus, Adi ‘Awawdeh (21 ans), un étudiant habitant Karmah, a décrit comment il a été re-arrêté par les israéliens quelques jours à peine après avoir été libéré après 70 jours de détention par l’Autorité Palestinienne, au cours desquels il avait été soumis à la torture.

«Mon dossier était tout préparé, car les interrogateurs [israéliens] m’ont montré les documents qui leur avaient été transmis par l’AP. J’ai vu mes empreintes digitales, là. Un des interrogateurs m’a dit : “Voilà ton dossier. Tout est prêt. Tu veux ajouter quelque chose et nous faire épargner du temps ?”»

 

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