11.01.2016 - À la recherche du français perdu

Vendredi, en fin de journée, Jonathan Guay, du Journal annonçait que le calendrier distribué par la ville de Toronto avait été publié en six langues... mais pas en français.

On y apprenait qu’on avait malencontreusement fait une « erreur » en omettant la traduction française.

En fait, le calendrier était traduit dans les six langues les plus parlées de la ville... dont le français ne fait pas partie. La faute sera corrigée, nous dit-on, et le français retrouvera sa place, soit sur le même pied que le portugais et le chinois, pour le calendrier de 2017, alors qu’elle est officiellement l’une des deux langues officielles du Canada.

Officiellement, du moins. En réalité, disons que ça ressemble de plus en plus, pour l’écrire avec un vocable du dimanche, à de la foutaise.

Quoi qu’en chantent les sirènes du fédéralisme et du bilinguisme, le Canada n’est pas un pays bilingue. C’est un pays anglophone où on aime faire plaisir à certaines communautés en traduisant des communiqués en tagalog ou en tamoul.

La ritournelle sirupeuse, clamant l’égalité du français et de l’anglais, plus personne n’y croit. Faits divers après faits divers, le rythme s’amenuise. Librairie francophone qui ferme ses portes, services en français impossible à avoir dans un avion, difficulté à poursuivre des études supérieures en français dans plusieurs secteurs du Canada ; bientôt, plus personne ne croira au mythe du « plusse beau pays bilingue. »

Le seul endroit où l’on a vraiment besoin d’être bilingue, c’est à Montréal, et encore : quoi qu’en pense la ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, il est facile de réussir sa vie et de travailler en ne parlant qu’anglais à Montréal. Cette semaine, un étudiant colombien me disait même à quel point il était facile de ne parler qu’espagnol à Montréal, et de subvenir à tous ses besoins. Le français, même à Montréal, devient de plus en plus facultatif, quoi qu’en pensent certains ténors jouant à l’autruche offensée.

Pour revenir au Canada bilingue, ce bilinguisme existe surtout sur papier. Le français est important si vous voulez faire partie des fonctionnaires qui répondent aux lignes téléphoniques 1-800, mais complètement facultatif si voulez devenir ministre. Vous pouvez même être premier ministre tout en ayant une syntaxe calquée sur l’anglais, et personne ne s’en fera outre mesure. La triste réalité, c’est que le français n’a plus de place stratégique au Canada, même plus dans un vulgaire calendrier municipal.

 

Source : Le Journal de Montréal

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