Il ne fait pas bon être un financier ou un grand patron en Chine en ce moment. Pas parce que les affaires sont plus difficiles aujourd'hui qu'hier, mais parce que vous risquez tout simplement de disparaître du jour au lendemain.
C'est ce qui vient d'arriver à Guo Guangchang, 17e fortune chinoise et à la tête d'un patrimoine professionnel estimé à 7 milliards de dollars. Il a subitement disparu des écrans radars pendant plusieurs jours avant de réapparaître ce lundi. En Europe, on a plus parlé de lui que des autres disparitions similaires, pour la simple raison que c'est lui qui a racheté le Club Med que tout le monde connaît dans nos contrées. Pourtant sa disparition n'a rien à voir avec le Club Med. D'ailleurs la direction du club de vacances a fait savoir que cela n'avait aucun impact sur sa gestion quotidienne. Quant à la société Fosun, l'entreprise qui appartient à ce milliardaire chinois, elle a fait savoir que son patron "disparu" était en train de collaborer avec les autorités chinoises, sans autre commentaire...
En réalité, des cas comme cela, il y en a des dizaines. Personne n'est à l'abri, pas même les membres du parti communiste chinois. La raison principale de ces disparitions est à chercher dans la volonté du gouvernement chinois de lutter contre la corruption. Les premiers touchés par ce coup de balai sont d'ailleurs des hommes ou des femmes politiques soupçonnés d'avoir reçu des pots-de-vin ou des cadeaux en échange de services rendus à des sociétés privées. C'est par ailleurs cette lutte anti-corruption - entamée il y a trois ans - qui explique la chute des ventes de montres de luxe, de grosses berlines allemandes ou de cognac en Chine ! Des géants du luxe comme le groupe LVMH ou des constructeurs automobiles comme BMW le ressentent dans leurs comptes. Il faut dire que le krach boursier de cet été n'a pas arrangé les choses. Les autorités chinoises sont à la recherche de coupables dans tous les secteurs. Elles ont même réussi à faire avouer à un journaliste financier qu'il était à l'origine de la baisse des cours de la Bourse de Shanghai !
Quant à la disparition de certains patrons, le gouvernement l'explique par le souci d'éviter que ceux-ci ne parlent avec des amis ou des membres de la famille pour effacer des preuves ou faire transférer des fonds à l'étranger. D'ailleurs, toutes les personnes "disparues" ne sont pas nécessairement soupçonnées de corruption, mais peuvent servir à témoigner contre une tierce personne.
Toujours est-il que ces disparitions soudaines inquiètent les organisations de défense des droits de l'homme. Il faut dire que ces détentions ne sont pas transparentes et peuvent conduire à des dérapages comme la torture pour extorquer des aveux... spontanés bien entendu.d
Une chose est certaine, les riches chinois vont à l'avenir encore plus acheter des sociétés et de l'immobilier à l'étranger pour tenter d'obtenir la nationalité du pays étranger en question. Ce sera leur porte de sortie si jamais le gouvernement chinois dérape encore plus. L'immobilier londonien a encore de très beaux jours devant lui.
Source : Le Vif