Exclusif - Radio-Canada a appris que le Canada avait refusé d'être l'invité d'honneur de la Foire du livre de Francfort en 2017, le plus grand salon du genre à se tenir dans le monde.
Un texte de Jean-Philippe Cipriani
L'événement aurait coïncidé avec le 150e anniversaire du Canada, mais Ottawa a décliné l'invitation en novembre dernier pour des raisons budgétaires. Devant le refus du ministère du Patrimoine canadien, les organisateurs de la Foire ont finalement choisi la France.
« Il est certain que le milieu a été déçu », confirme François Charette, directeur général de Livres Canada Books, une organisation sans but lucratif qui aide les éditeurs canadiens à exporter leurs titres depuis 43 ans.
C'est son organisme qui a piloté le projet, auquel d'autres organisations, comme l'Association nationale des éditeurs de livres, se sont greffées.
L'invitation de Francfort est prestigieuse : la Foire rassemble plus de 275 000 visiteurs, 7300 exposants et 9000 journalistes. Pour les éditeurs, ce rendez-vous mondial est une occasion en or de vendre des droits, de négocier des traductions et d'assurer une distribution européenne des livres canadiens.
Cette visibilité peut se traduire en retombées non seulement culturelles, mais également touristiques, de plusieurs dizaines de millions de dollars.
Mais voilà, la Foire étant un événement sans but lucratif, l'invitation d'honneur s'accompagne de coûts afin de déployer cette visibilité. Livres Canada Books espérait obtenir de 5 à 6 millions de dollars de subventions de la part d'Ottawa pour financer sa présence.
Devant l'hésitation d'Ottawa, Livres Canada Books a mobilisé le milieu, et elle a même obtenu l'appui de l'ancien premier ministre du Québec Jean Charest afin de soutenir l'organisme dans sa démarche. Peine perdue.
Devant le refus d'Ottawa en novembre, la Foire du livre de Francfort s'est tournée vers la France pour prendre le relais comme invitée d'honneur, après une disette de 26 ans. Le budget de la France, plus ambitieux, est estimé entre 9 et 13 millions de dollars.
Bien que déçu, François Charette espère néanmoins que ce n'est que partie remise pour le Canada. Et il souhaite que si l'invitation se présente à nouveau, d'autres ministères fédéraux, comme celui du Tourisme, puissent embarquer dans le projet, de même que le secteur privé.
« On a fait un grand pas en avant déjà », estime-t-il.
Source : Radio Canada