03.09.2015 - Rappel : Le référendum de 1995, perdre le pays pour une virgule dans la loi?

(Québec) Jean Pelletier n'a pas eu le temps de rédiger ses mémoires. Mais en août dernier, il a accepté de donner une série d'entrevues pendant l'automne à notre chroniqueur Gilbert Lavoie, pour publication après son décès. Nous publions aujourd'hui le dernier de ces entretiens. Le 22 décembre, M. Pelletier nous a également accordé une entrevue télévisée dont vous pouvez voir les principaux extraits. (4 de 4)

Q     Ça nous amène au référendum de 1995. J'imagine que vous avez été très impliqué?

R    La directive de Chrétien c'était : «On va suivre les structures. Alors le chef du comité du Non, c'est Daniel Johnson qui est chef de l'Opposition à Québec et on lui donne notre collaboration.»

Sauf que dans l'équipe de Johnson, il y avait toujours la vieille équipe de Bourassa qui détestait Jean Chrétien. Alors ils ont mis Chrétien et tous les ministres fédéraux dans un garde-robe et ils ont fermé la porte. J'étais responsable, avec Eddie Goldenberg, des relations avec le comité du Non à Montréal. Alors j'allais à Montréal trois fois par semaine. Ils étaient polis, courtois, mais on Personne n'aurait pu penser qu'en pleine campagne ré­férendaire, le pre­mier ministre du Québec se fe-rait bou­ter de son siè­ge par le chef de l'op­position à Ottawa. Encore aujourd'hui j'en suis ébahi. Alors évidemment, on s'est aperçu de la force de M. Bouchard. À 10 jours du scrutin, samedi matin, M. Chrétien était à New York, au 50e anniversaire des Nations unies si je me souviens bien; John Ray était à Montréal, Goldenberg était à Ottawa, j'étais à Québec, on était tous en conférence téléphonique : on était sept points en arrière. Là, Chrétien a dit : «On embarque, on demande plus de permission à personne.» On s'est fiché très franchement du comité du Non. Les ministres anglophones grondaient, ils voyaient ça aller. Brian Tobin et les autres ont organisé le fameux rendez-vous du vendredi à Montréal. Ils n'ont pas demandé de permission. Ils ont fonctionné. L'assemblée de Verdun le mardi soir, l'allocution à la nation, le rendez-vous de Montréal,  l'entrevue d'une heure avec Mongrain à la télévision, puis Chrétien le dimanche soir à Hull. On a embrayé pour que ça fonctionne.

Juste pour vous dire à quel point on travaillait sous pression et à la dernière minute, c'est mon chauffeur qui est allé porter à Radio-Canada, les cassettes de l'allocution télévisée du premier ministre sur les grands réseaux canadiens. Il est arrivé quatre minutes avant la mise en ondes.

    Quelle a été la réaction des gens autour de Daniel Johnson?

R    Ils ne l'ont pas trop dit . Dans le fond, ils sentaient qu'on était en train de perdre le référendum. Ils ne savaient pas quoi faire non plus. Ils n'aimaient pas cela qu'on prenne le contrôle mais on s'en fichait et on ne s'en est pas occupé.

    À ce moment-là, aux activités comme le grand love-in à Montréal, vous êtes-vous posé des questions sur le financement?

R    Je ne m'en souviens pas. Dans la guerre, on ne se demande pas si les munitions sont payées, on les tire.

 

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